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À France Inter, ils ne pensent qu’à lui

Ils voudraient le faire gagner qu'ils ne s'y prendraient pas autrement


À France Inter, ils ne pensent qu’à lui
Eric Zemmour à Toulon pour la promotion de son nouveau livre, le 17 septembre 2021 © Daniel Cole/AP/SIPA

A force de décortiquer les propos d’Eric Zemmour pour tenter d’y déceler les racines du « fascisme », journalistes et chroniqueurs d’Inter prouvent qu’ils sont obsédés… et incultes.


On n’ose penser qu’ils tentent de capitaliser sur la popularité de Zemmour. Mais pas un jour ne se passe sans que plusieurs des intervenants de la radio fassent savoir leur aversion pour le presque-candidat.

Distorsions érudites et corrélations abusives

Il faut écouter Thomas Legrand qui, s’employant à « décortiquer » « les armes rhétoriques classiques de la pensée préfasciste » chez Zemmour, a déniché deux concepts compliqués. D’abord, « les distorsions érudites ». Il reproche à Éric Zemmour de citer un texte tiré de Choses vues dans lequel Victor Hugo, s’opposant au général Bugeaud, plaide en faveur de la colonisation de l’Algérie. Or, dit Thomas Legrand, « Choses vues, c’est le journal de l’écrivain sur des décennies qui retrace l’itinéraire d’un jeune monarchiste nationaliste devenu républicain social, universaliste ». Zemmour se rendrait coupable d’une supercherie intellectuelle en déniant à Victor Hugo le droit de changer d’avis, d’évoluer vers une pensée plus conforme à notre idéal des droits de l’homme. Fort bien ; sauf qu’en l’occurrence, la « distorsion érudite », c’est Thomas Legrand qui la commet. De fait, le même Hugo qui, à 38 ans, louait la colonisation de l’Algérie, prononcera à l’âge de 77 ans, le fameux Discours sur l’Afrique où il affirme : « L’Afrique n’a pas d’histoire. […] Peuplée, c’est la barbarie ; déserte, c’est la sauvagerie. […] Au dix-neuvième siècle, le Blanc a fait du Noir un homme ; au vingtième siècle, l’Europe fera de l’Afrique un monde. » Éric Zemmour n’a pas déformé la pensée de Victor Hugo ; il en a cité l’un des traits les plus constants : cette croyance en la mission civilisatrice de l’homme blanc que l’on retrouve aussi, chacun le sait, dans les discours d’un grand républicain comme Jules Ferry.

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Très loin de l’humour et à côté de la plaque

Thomas Legrand enchaîne avec un autre aspect du « raisonné [?] zemmourien » : les « corrélations abusives », illustrées par ses propos sur l’équipe de France de football qui serait « devenue noire depuis que le système de jeu est passé de la finesse stratégique à la puissance athlétique », résume le chroniqueur d’Inter. Mais Éric Zemmour ne fait là que déplorer les choix des centres de formation, que regrettait déjà, il y a dix ans, Laurent Blanc, sélectionneur des Bleus (« En France, on a l’impression qu’on forme le même prototype de joueurs, grands, costauds, puissants : les Blacks. »). Ce qui explique la coloration ethnique de l’équipe de France, c’est plutôt, dit Thomas Legrand, la ghettoïsation des quartiers populaires où l’on pratique ce sport ; Zemmour ne dit pas autre chose, lequel fait souvent remarquer que les petits Blancs renoncent à la pratique du football comme ils fuient ces quartiers, chassés par le communautarisme.

On se demandera quoi tirer des sketchs de Daniel Morin se lançant dans une parodie du générique de Zorro en remplaçant les paroles officielles par « Zemmour, Zemmour, bâillonné par le CSA, Zemmour, Achtung !, un jour il reviendra », et de Charline Vanhoenacker imaginant un libraire qui tenterait d’assurer dans son magasin une cohabitation pacifique entre les lecteurs de Zemmour et ceux de Taubira. Mais l’épisode où l’on éprouve le plus de gêne pour ladite Charline est sans doute cette vidéo d’elle gribouillant une affiche de soutien à Zemmour. Rien de scandaleux : tous les hommes politiques ont eu, un jour ou l’autre, leur moustache hitlérienne au feutre et des jeux de mots idiots avec leurs initiales (en l’occurrence : « zob »…). Mais la pauvre inconsciente si gauche-comme-il-faut se retrouve accusée de « dérapage antisémite », selon un procédé étrenné avec les anti-passe : si tu dessines une moustache d’Hitler, c’est toi le nazi. On ne va pas pleurer sur son sort, ou seulement de rire.

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Finalement, France Inter nous fournit l’occasion unique de nous réjouir du grand remplacement, ce moment où la substitution de population rendra inévitable un alignement du casting de cette radio du service public sur les modèles ethniques de ses nouveaux auditeurs et où, par conséquent, Waly Dia, comique d’origine sénégalaise officiant sur cette antenne, dix fois plus drôle que Guillaume Meurice, Charline Vanhoenacker et Daniel Morin réunis, les évincera tous les trois, définitivement.  

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Article extrait du Magazine Causeur




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Agrégée de lettres modernes, spécialiste de grammaire, rhétorique et stylistique. Dernier ouvrage: "Les Marchands de nouvelles, Essai sur les pulsions totalitaires des médias" (L'Artilleur, 2018)

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