Une famille banale, une femme acariâtre, un homme qui s’écrase, une enfant qui trinque. Sur la domination dans le couple, Olivia Koudrine nous livre un roman plus vrai qu’un poncif féministe, un récit qui sonne juste là où #Metoo nous raconte des salades. Bref, de la littérature. L’homme battu, le Cherche-Midi, 2021.
Je ne suis pas un grand lecteur. La plupart des livres qu’on met entre mes mains en tombent très vite, surtout les romans. Quelques lignes suffisent à me faire savoir qu’il n’y aura pas d’autres rendez-vous. S’il y a trop de dialogues, des descriptions vaines, des expressions convenues, des réflexions ordinaires, des personnages sans personnalité, s’il n’y a personne au bout de la ligne, je ne tourne pas la page.
Voilà pourquoi je n’écris pas de chroniques sur les livres. Sauf exception. L’Homme battu, le roman d’Olivia Koudrine, en est une. Un peu parce que j’ai reçu le livre chez moi, avec mon nom sur l’enveloppe, et que d’habitude je ne suis pas visé, choisi, et flatté. Mais surtout parce je l’ai lu en entier, et en trois nuits pour faire durer le plaisir. Il y a dans l’écriture tout ce qu’il faut là où il faut. Une bonne dose de pensée, une pincée de culture, un paquet d’action, une poignée d’humour, une vie intérieure mouvementée, une vraie personne, un esprit fin et fort, une femme libre, bref, quelqu’un à qui parler dans une de ces « conversations silencieuses [1] » que l’on entretient quand on lit.
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