Demain marquera le premier anniversaire de la mort de Samuel Paty, professeur décapité en pleine rue. Aujourd’hui, un hommage lui est rendu dans les établissements scolaires. Mais là où une prise de conscience aurait été nécessaire, Elisabeth Lévy voit surtout de l’aveuglement.
Sur le site de l’Éducation nationale, il est écrit que les établissements pourront organiser un temps de recueillement. Laurence Ferrari le confirmait hier sur CNews, l’Éducation nationale lui a précisé que c’était bien optionnel. Cette décision est peut-être rationnelle, sinon raisonnable. On n’a effectivement pas envie d’entendre aujourd’hui des adolescents et des élus islamo-gauchistes justifier le meurtre sur le thème « oui, mais il a blessé des musulmans ».
Cet hommage à la carte est un cruel révélateur :
- De l’impuissance et/ou de la lâcheté d’une institution infoutue de faire taire des élèves pendant une minute ;
- Du fait que, malgré le lyrisme de pacotille, malgré les lois et les rodomontades présidentielles, malgré les fleurs et les bougies, l’islamisme, voire le djihadisme d’atmosphère dont parle Gilles Kepel, ne cesse de progresser alors que la culture française ne fait que reculer.
N’y a-t-il pas, au moins, une prise de conscience ?
Je vois de l’aveuglement, et le pire c’est qu’il est parfois sincère.
Dans Le Monde, un reportage à Conflans nous montre des élus et collègues de Samuel Paty qui soulignent que la ville a toujours vécu en paix avec l’islam. «Il n’y a jamais eu de tensions avant, il n’y en a jamais eu après », y affirme même un élu de gauche. En somme, ce n’était qu’un fait divers, un terrible accident.
Pourtant, les parents salafisés qui ont dirigé l’assassin vers Samuel Paty, et les collégiens qui l’ont vendu à un coreligionnaire qu’ils ne connaissaient pas, ne sont pas sortis de terre comme des champignons le 15 octobre, pour disparaitre juste après ! Pardon, mais c’est bien difficile à croire.
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Pour la gauche, admettre l’existence d’un problème systémique – mot qu’elle adore pourtant dans d’autres contextes -, ce serait reconnaître qu’elle s’est radicalement trompée. Et pire, ce serait faire le jeu d’ Eric Zemmour…
Le plus terrible est peut-être la réplique de l’Education nationale : former les enseignants à la laïcité, quand il faudrait plutôt former les élèves au blasphème. Les professeurs menacés (une dizaine selon Didier Lemaire) sont toujours abandonnés par leur hiérarchie. Le pas-de-vague continue. À Conflans, la principale dit en substance: «laissez-nous oublier».
Nous sommes finalement coincés dans un cycle répétitif : une tragédie puis, « rien-ne-sera-plus comme avant ». Et bien sûr, une fois les trémolos et les grands mots rangés, tout est comme avant. En pire.
Cette chronique a initialement été diffusée sur Sud Radio.
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