En 2004, sur son album « Crève-coeur », celui de sa résurrection, Daniel Darc signe Feu Follet en hommage à Drieu et peut-être à Louis Malle. Un long poème qui convient parfaitement aux petits matins de mai, lorsqu’on marche boulevard Saint-Germain entre la Rhumerie et le Flore. Le modèle du Feu Follet, comme chacun sait, c’est le poète surréaliste Jacques Rigaut, dédicataire d’« Amours suprêmes », l’album de Darc sorti en 2008.
Cet éternel sursitaire s’étonnait d’être encore vivant. Le plus significatif n’est pas qu’il fasse aujourd’hui la Une de Libération mais que Radio Notre-Dame abandonne quelques heures ses directs avec Rome pour reprogrammer une émission qu’elle lui avait consacré.
Chic et sombre : « Chercher le garçon. Trouver son nom. Chercher le garçon ». Smoking et boîte à rythme de rigueur. Black velvet : champagne et stout. La new-wave succédait au punk. Elle rendrait célèbre le lycéen parisien qui avait rêvé un temps de devenir rabbin. Elle plongerait surtout dans l’héroïne, pour des années, ce garçon trop inquiet. Saleté de blanche.
Rescapé miraculeusement des années 1980, il s’était converti à l’évangélisme protestant. Daniel Darc ne lira plus L’Homme à cheval, le saint esprit autour de son cou en pensant à d’inaccessibles rêves.
Sa dernière apparition publique date du 23 février, sur scène, aux côtés de Bertrand Burgalat. Il a improvisé sur Aux Cyclades Electronique. Voilà qui s’appelle tirer sa révérence en beauté. Jusqu’au bout il aura évité les fautes de goût. Esthétique d’abord.
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