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Rugby : PSA, petit bras !


Rugby : PSA, petit bras !

rugby philippe saint andre

Sale temps pour la France : le rugby a du souci à se faire. Alors que la plupart des commentateurs se gaussaient de nos résultats passables – pour une équipe arrivée en finale de Coupe du monde – face à l’Australie et l’Argentine en novembre dernier ; les Français, après une prestation piteuse face aux Italiens (18-23), ont quitté la pelouse du Stade de France le cœur à la dérive (6-16) contre le Pays de Galles… Nous ne sommes pas experts, simplement amateurs et supporters du XV de France depuis l’enfance. Mais pour nous, cette défaite était écrite quand nous entendîmes PSA (Philippe Saint- André) déclarant devant un micro : « On va essayer d’abord de retrouver de la précision, de la fraîcheur, de la férocité et de la colère. Il va falloir 20 à 30 % de plus dans tout… » Tout était dit, la messe en moins.
Après une prestation minuscule face à des Italiens vaillants, qui s’améliorent mais restent largement prenables, le sélectionneur du XV de France souhaitait retrouver les fondamentaux du rugby (soit !) et demandait à ses joueurs 20 à 30 % de plus. 20-30 % seulement… Quand on entend Steve Hansen, entraîneur des Blacks, déclarer après une victoire tonitruante au tournoi des Four-Nations de 2012 : « les gars ont fait un bon tournoi, mais la marge de progression est encore importante », on se demande comment Saint-André arrive à penser si bas, si petit, si peu exigeant. Un critique et amateur avisé du web raille depuis 2007 sur son blog – “Le pilier” – l’obsession, dévastatrice selon lui, des Coupes du monde : « Nos entraîneuses [sic] feraient mieux de s’occuper de maintenant pour que le futur devienne plus solaire, plus gaillard, plus engageant ».
Posons donc les choses telles qu’elles sont. S’il ne faut pas “charger” un joueur en particulier, car les faillites furent collectives, demandons-nous toutefois à quoi pensait un Michalak, si enthousiasmant en novembre, au moment de taper le coup d’envoi à Rome… directement dans les tribunes ? À quoi a-t-il pensé pendant ces deux matches en envoyant des coups de chausson à l’emporte-pièce, redonnant la gonfle aux adversaires qui n’en demandaient pas tant ? Comment des avants si solides, si doués, se sont-ils laissés tellement secouer que Machenaud, d’habitude vif et alerte , a été incapable de lancer proprement les temps de jeu ? Comment expliquer une telle platitude dans le jeu, un manque de flair et de vista ahurissant, un tel conformisme stratégique, une panne de créativité chronique, une attaque empruntée, un jeu au pied abscons, des passes flottantes, des regards hagards après 20 minutes de jeu ? Comment expliquer une telle faillite collective alors que les individualités (à quelques rares exceptions près) sont admirables et légitimes en bleu ? Peut-être que le rugby “bien de chez nous” se contente d’un exploit retentissant une fois tous les deux ans et demi et vit la période qui suit conforté par les vibratos réverbérées du quart de finale 2007, ou de la finale 2011. Peut-être que le Top 14, championnat soi-disant le plus “relevé” du monde (mais ce sont les Européens qui le disent) bouffe tout le jus (cérébral et musculaire) de nos gonzes qui angoissent de trop s’esquinter sur le terrain national, de peur de voir le bleu s’éloigner.
Nos Bleus jouent trop toute l’année, c’est une évidence. Ils sont mâchés plus que les autres, mais la fraîcheur physique ne peut pas, à elle seule, résumer l’absence systématique d’inventivité qui sévit depuis l’ère Laporte sur nos écrans. Nous pensons sincèrement qu’un XV de France plus frais et bien mené pourrait corriger de manière régulière les Wallabies, les Boks ou les Blacks, seules vraies équipes contre lesquelles nous ne nous étalonnons pas assez. On se gausse d’étriller les Samoans, de tancer les Irlandais et de contenir les Pumas… quand irons-nous mettre des déculottées aux All Blacks ?
Le jour où le rugby français verra plus loin que son championnat, peut-être prendra–t-il un autre virage et un tout autre visage. À croire que, dans le cerveau rugbystique, entre ces deux hémisphères (sud et nord), les neurones français sont restés bloqués sur ses clochers.
Dommage quand on voit « la perfide Albion » continuer sa lente mais magnifique progression vers 2015. 2015, c’est demain, et pour nous demain, c’est (très) loin.

*Photo : alexger1001.



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