Une troupe de théâtre parisienne choisit de sauver la planète plutôt que de sauver Shakespeare…
Au jeu du vaste mélange des genres, une troupe de théâtre vient de marquer un certain nombre de points. La Pépinière des Nouveaux Mondes, un « collectif d’artistes solidaires et créatifs » est sur la scène du Théâtre Douze, à Paris, pour présenter Les Deux Gentilshommes de Vérone, de Shakespeare. Impératifs de bouclage obligent, nous n’avons pas vu la pièce avant d’écrire ces lignes, aussi ne préjugeons-nous pas de la qualité artistique de cette production.
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Ce qui nous interpelle est le propos de ce collectif de citoyens très engagés. Un communiqué nous apprend que « la Pépinière est un concept unique en France, par son fonctionnement participatif et son engagement écologique. Véritable vivier de création, elle porte des valeurs de partage et de solidarité au service de projets artistiques d’envergure et d’actions tournées vers l’environnement. Nous sommes le premier collectif à appliquer aux métiers de l’art vivant le modèle coopératif déjà présent dans les domaines de l’habitat, de l’alimentation et de l’énergie. » Concrètement ? Chaque spectateur qui vient voir Shakespeare « participe à notre action de préservation des forêts. Cette pièce permet de planter des forêts grâce à un partenariat avec Reforestaction : le public pourra se divertir en prenant soin de la planète ! UNE PLACE ACHETÉE = UN ARBRE PLANTÉ ! »
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Et le collectif va plus loin encore puisqu’il annonce récupérer les tissus de ses costumes, ainsi que les éléments du décor, et n’utiliser que du papier recyclé pour ses flyers et ses programmes. Il a également noué un partenariat avec l’association Un toit pour les abeilles ! Les tenants d’un théâtre élisabéthain oldschool n’ont qu’à bien se tenir. Préciser ici que la troupe présente au public deux fins différentes de la pièce, afin que celui-ci choisisse celle qu’il préfère, relève du détail insignifiant, l’argument principal n’étant plus la défense d’un auteur, mais celui des forêts. À ce rythme, pourra-t-on encore bientôt dire les « planches » pour évoquer une scène de théâtre ?