La faune est inépuisable. J’ai appris il y a peu, d’une amie vétérinaire qui joue de l’alto et connaît mon goût pour les bestiaires, l’existence d’animaux dont j’ignorais absolument tout… Ainsi, le cochonglier (encore appelé sanglochon) est le fruit de l’hybridation coupable d’un cochon et d’un sanglier. Plus loin, dans les savanes africaines vendues aux safaris-photos, il est à signaler le jaguarion, issu de la « rencontre » surprenante d’un Jaguar et d’une lionne. Le roi des animaux peut donc aller se rhabiller. Réussir une vie de couple demande beaucoup de présence et d’abnégation. Ou encore le Zébroïde, né du croisement d’un cheval et d’un zèbre. Et que dire du trop méconnu zopiok, qui porte en lui l’ADN du zébu et du yack ? Mais la faune domestique ne manque pas de chien… Ma camarade vétérinaire a cru bon de s’étendre sur le cas des chats.
Alexandre Vialatte notait que si Dieu avait créé le chat c’était dans le seul but de donner à l’homme la chance de caresser le tigre. Ailleurs il écrit : « Les chats perdus se réunissent à Montmartre. Une demoiselle âgée leur apporte à goûter. Devant le Sacré-Cœur. Ils mangent, ils regardent Paris avec sa brume et ses cheminées ; puis ils s’en vont et reviennent pour le dîner. On voit par là qu’ils aiment les grands panoramas ». On note, en France, que les Présidents de la République possèdent des chiens, et les poètes des chats. Ainsi, François Mitterrand était-il collé au train par un labrador nommé « Baltique » (qui a écrit tous les livres de Jacques Attali), et Paul Léautaud passait le temps que la poésie lui laissait libre à compter ses chats…
Les chats ne sont pas innocents. Ils sont même parfois cruels. Ainsi, apprend-on dans Le Figaro que les chats tuent chaque année des « milliards d’oiseaux ». Et que dramatiquement, en conséquence, « les félins font des ravages sur la petite faune sauvage ». Plus loin, au Brésil, on apprend que des chats œuvrent à la liberté : « Les gardiens d’une prison brésilienne ont capturé un chat que des détenus, pleins d’imagination, avaient spécialement dressé pour leur fournir tout une panoplie nécessaire à une évasion, rapporte samedi le journal O Globo. C’est un agent de la prison qui a découvert la supercherie. Celui-ci, intrigué par le comportement bizarre du félin et en l’examinant de près a constaté qu’un sac, attaché à son corps, contenait tout un matériel pour s’évader: lames de scie, instruments nécessaires à forer et percer le ciment, ainsi qu’un téléphone portable avec son chargeur ».
Mais s’ils sont cruels et ont de fâcheuses tendances à soutenir la pègre brésilienne, les félidés boursicotent avec grâce ainsi que le révélait récemment la presse ébaubie : « un chat roux, Orlando, a gagné à un concours de gestion de portefeuille boursier organisé par The Observer qui l’opposait à des professionnels de la bourse et des étudiants »… Mais encore… « Les placements d’Orlando étaient effectués sur la base du lancement de son jouet favori, une souris, sur une grille dont les numéros représentaient les différentes valeurs de l’indice. Sur les 9 premiers mois de l’année, les professionnels des marchés financiers avaient mené le concours, à 497 livres de gain sur leur portefeuille, contre 292 livres pour celui d’Orlando, mais à la fin du mois de septembre, coup de théâtre : le portefeuille du félin prit un avantage décisif. »
Un chat peut en cacher plusieurs autres.
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