Notre collaboratrice Sophie Bachat souhaite que le jeune Bilal Hassani obtienne une pluie de 10 dans l’émission Danse avec les Stars de TF1. Ne serait-ce que pour déplaire à ceux qui lui vouent une haine effrayante…
Souvenez-vous de l’Eurovision 2019, où la France a été représentée par Bilal Hassani avec la chanson Mon roi, dans laquelle il disait vouloir « casser les codes ». La chanson est une invraisemblable soupe, au texte indigent, mais elle se hissa quand même à la 16ème place du concours. Le jeune chanteur fit le buzz, et c’est le plus important aujourd’hui.
Emoi et moi et moi…
Danse avec les stars, ce concours de danse télévisé, qui se situe à mi-chemin entre On achève bien les chevaux et le thé dansant, diffusé sur TF1, semble également être en mal de buzz, car Bilal Hassani y dansera avec un homme dans la nouvelle saison qui débutera ce soir. La sphère télévisuelle et médiatique est en émoi, et il ne se passe pas un jour sans que Purepeople (média people en ligne) n’en fasse ses choux gras. En effet, les derniers articles évoquent le petit ami de Bilal, lequel serait jaloux de son futur partenaire de tango ou de rock acrobatique… Mais le vrai problème est la haine en ligne dont est victime, et cela depuis sa participation à l’Eurovision, cet « Arabe à perruque » comme il se qualifie lui-même. Nous allons y revenir.
Tout le monde parle de Bilal. Son cas fut bien sûr évoqué chez Cyril Hanouna. Le chroniqueur Mathieu Delormeau, lui même homosexuel, s’est mis en colère, car selon lui, Bilal, trop caricatural, ne représenterait pas les gays dans leur ensemble. « J’ai rien contre Bilal Hassani, mais pardon, un mec qui met une perruque, des faux cils, je ne me reconnais pas dans ce style de gay ». Hanouna s’offusque, Bilal répond à Delormeau sur les réseaux « Je suis une personne humaine et normale et je lui souhaite d’apaiser son cœur » (sic). Delormeau n’a apparemment pas « apaisé son cœur », d’autant plus qu’il dit avoir été victime de menaces de mort. Diantre ! Voilà un buzz réussi. En la matière, nous pouvons toujours compter sur Hanouna.
Repéré par les rapaces de la télé-réalité
Mais qui est Bilal Hassani ? D’abord, que l’on ne compte pas sur moi pour l’accabler, car ce garçon, malgré sa nullité artistique, est touchant. Il est né en 1999, c’est un enfant d’internet qui commença sa carrière d’influenceur sur YouTube où il prodiguait des conseils beauté. Et puis, il fut vite repéré par les rapaces de la téléréalité : son potentiel scandale est énorme. Il a toujours voulu chanter, et s’est toujours senti homosexuel. Pour le protéger des moqueries, sa mère le plaça donc dans un pensionnat catholique, où il fit scandale en s’adonnant à des galipettes dans le dortoir avec… le petit copain de sa meilleure amie. Déjà, il était « la poupée qu’on habille et qu’on déshabille » comme le chante Sardou dans Le privilège.
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Lors de sa participation à l’Eurovision, il fut bien évidemment la cible d’un tombereau de haine chimiquement pure. Qui ne venait pas de ses anciens camarades du pensionnat catho… Les racailles, pour utiliser cet euphémisme, s’en donnèrent à cœur joie, à tel point que les associations LGBT+ ont déposé une plainte. Sans bien sûr nommer les coupables. Business as usual. Les réacs ne sont pas non plus de grands fans de Bilal, lequel personnifie selon eux la décadence de la France.
Pas un LGBT militant
S’il est si touchant à mon sens, c’est justement parce qu’il ne revendique rien à part de vivre son homosexualité en s’affublant de perruques et de vêtements de femmes. Il n’est pas devenu une icône LGBT+ car il n’est pas militant. C’est un travesti dans la tradition française (n’en déplaise aux réacs), entre la Cage aux folles, le transformiste de chez Michou et le Chouchou de Gad Elmaleh. Mais justement, de tradition il n’y a plus. Ne reste que l’impitoyable mécanique de la marchandise spectaculaire dont Bilal est la victime consentante. Son compte Instagram est l’un des plus suivis, il y fait du placement de produits et y expose sa vie amoureuse. Celui qui se rêvait chanteur n’est finalement qu’une influenceuse. Mais il continue surtout à s’exposer à la violence de certains, et en cela il fait preuve d’un certain courage. « Leave Bilal alone ! »
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