Le président français ne décolère pas depuis que Frontex a fait appel à une société britannique pour surveiller le littoral du Nord-Pas-de-Calais…
Depuis le Brexit, le littoral du Nord-Pas-de-Calais est devenu une frontière extérieure de l’Union européenne.
Le 24 juillet, en toute logique, Gérald Darmanin a fait appel à l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, ou Frontex, pour aider la France à surveiller les quelque 70 kilomètres de cette côte qui, depuis le début de l’année, a vu plus de 11 000 migrants clandestins essayer de traverser la Manche dans des barques de fortune.
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Préférence communautaire
Pourtant, comme le rapporte le Journal du Dimanche, les conditions de cette coopération intra-communautaire ont attiré les foudres de l’Élysée. Car Frontex, après avoir lancé un appel d’offres pour la location d’un avion affrété afin de surveiller le littoral en question, a attribué le contrat à la DEA Aviation, société britannique, plutôt qu’aux deux autres entreprises candidates, l’une néerlandaise, l’autre autrichienne.
Jupiter, partisan de la préférence communautaire, aurait été rendu furieux par le choix d’une compagnie d’outre-Manche après le Brexit. Un tel choix ne peut-il pas se justifier ? Frontex fait déjà appel aux services de DEA Aviation depuis un certain temps. D’ailleurs, la sécurité de la frontière franco-anglaise appelle une coopération franco-anglaise telle qu’elle est définie dans les Accords du Touquet de 2003 et d’autres accords bilatéraux.
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À charge de revanche
Depuis 2015, l’État britannique a versé à la France 133 millions d’euros pour empêcher les migrants clandestins de traverser la Manche et cette année a accepté de payer 62,7 millions d’euros de plus. Le quotidien chauviniste, le Daily Express, n’a pas hésité à traiter le président français de « petty » (mesquin), affirmant que sa seule motivation est de prendre une petite revanche sur le Royaume-Uni pour le Brexit… En réalité, le gouvernement britannique pourrait pâtir d’une revanche plus perfide encore : plus les clandestins continuent à traverser la Manche, plus Boris Johnson, élu en partie sur une promesse de fermeté face aux flux de migrants, sera en difficulté devant son électorat.