Nos marmots sont retournés dans les écoles hier. Que disait le prédécesseur de Jean-Michel Blanquer à la rentrée 1944 ?
En cette période de rentrée scolaire, qu’il serait bon qu’un ministre de l’Éducation Nationale s’adresse aux enfants de France avec des paroles fortes ! Mais ne rêvons pas, notre ministre n’a pas les épaules, il n’a que des communicants. Quant aux actuels enfants de France, ils savent de moins en moins lire. Pour la rentrée 1944, René Capitant (notre photo), ministre de l’époque, était d’une autre carrure. Certes les temps étaient différents et les souffrances de la guerre imprègnent son message.
Mais tout de même, on trouve dans ce message un souffle dont on ne peut aujourd’hui que ressentir cruellement combien il nous manque. Il y a là un amour vibrant pour la patrie, une fierté d’être français, qui s’expriment et se transmettent comme une évidence naturellement partagée. Il y a là une exaltation des maîtres, et une tranquille confiance en ces élèves « qui viennent … animés de la volonté de travail et pour s’instruire ».
Si « l’espace-temps » de 44 n’est donc pas le nôtre, ce texte éclaire et met dans une perspective saisissante les temps que nous vivons.
MESSAGE De Monsieur le Ministre de l’Education Nationale Aux Enfants et Jeunes Gens de France Paris, le 2 octobre 1944. Enfants et Jeunes Gens de France, En reprenant aujourd’hui le chemin de vos écoles, vous pourrez marcher la tête haute et le regard droit ; car vous êtes les enfants d’un pays libre et fier de s’être battu pour reconquérir sa liberté. La France porte encore les blessures que lui ont causées les chaînes de l’oppression ou les destructions de la bataille. Vos pères et vos frères sont encore dans les camps et dans les chantiers où l’ennemi les retient prisonniers, ou bien ils servent dans ces divisions et ces bataillons de marche qui encerclent l’ennemi sur notre territoire ou le repoussent vers nos frontières. Dans certaines régions vos écoles sont détruites ou endommagées. Vous-même êtes dispersés et beaucoup d’entre vous sont retenus au loin par l’absence de communications. Mais tous ceux qui le peuvent reprennent aujourd’hui le chemin de l’école. Ils y retrouvent leurs maîtres qui, au temps de l’oppression, n’ont point cessé de leur enseigner en secret l’amour de la vérité et de la Patrie. Ils y viennent animés de la volonté de travail et pour s’instruire. Apprenez de vos maîtres ce que vos pères ont su et compris qui, dans les siècles, a fait la grandeur de votre pays. Mais apprenez d’eux aussi comment la France a pu remonter de l’abîme où elle est tombée il y a quatre ans. Sachez par eux que de l’union fraternelle des Français, de leur fidélité au devoir et aux principes de la justice, doit surgir une ère de grandeur et de bonheur pour notre nation. Élevez vos pensées vers ceux qui ont donné leur vie pour la Patrie. Gardez l’exemple de vos ainés et de vos maîtres morts au Champ d’Honneur. Recueillez la flamme de la résistance qui les animait et prononcez avec ardeur les deux invocations sacrées qui les ont inspirés dans leur lutte : Vive la République. Vive la France René Capitant |
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !