C’est une utopie démocratique mais il me semble qu’elle ne serait pas si absurde que cela. Démonstration.
Aussi bien pour la France que sur le plan international, ces dernières années nous ont démontré qu’il y a des hommes ou des femmes de pouvoir qui ne sont pas adaptés à tous les terrains et à tous les moments mais les uns plus faits pour les temps de crise et les autres pour les temps calmes. Ce constat aboutirait, pour rester dans l’incongru, à élire deux personnalités qui, selon la situation de leur pays et celle du monde, seraient appelées à se succéder, à prendre la relève de l’une ou de l’autre selon les modifications, l’aggravation ou non de la conjoncture.
Il y a le feu près des cages françaises!
La comparaison est vulgaire mais dans les matchs de foot, quand on arrive aux tirs au but après prolongation, l’entraîneur a le droit de changer son gardien de but pour en faire rentrer un seulement pour cet exercice très particulier où il a montré qu’il excellait. L’épreuve des penaltys est comme un pays en temps de crise.
Même si cette réflexion ne m’est pas venue d’aujourd’hui mais s’est beaucoup nourrie du quinquennat de Nicolas Sarkozy, je ne suis pas le seul à avoir été stupéfié par l’incurie de Joe Biden en ce qui concerne la politique américaine de retrait en Afghanistan, depuis l’arrivée annoncée puis précipitée, enfin trop réelle des talibans.
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Le fiasco est total qui non seulement a vu le président américain ne rien comprendre aux signes précurseurs pourtant sans équivoque et laisser s’accomplir dans le désordre et la confusion des opérations qu’un autre aurait su gérer autrement. Pourtant il continue à se féliciter d’un tel désastre en affirmant qu’il a pris les bonnes mesures. Son entourage démocrate n’a jamais osé le contredire en lui disant la vérité. À l’évidence Joe Biden a perdu un capital de réussite relative qu’il avait construit depuis son élection, tant il était facile dans un premier temps de ne pas faire regretter Donald Trump. Celui-ci a eu sa part de responsabilité dans la décision mal négociée de retrait mais bizarrement, avec l’impéritie de Biden, il retrouve un semblant de plausibilité.
Joe Biden n’est pas fait pour les temps de crise. Alors que Nicolas Sarkozy, quoi qu’on pense de lui, n’était au contraire qu’un président accordé à ces périodes où son agitation et son énergie trouvaient un exutoire naturel et se révélaient d’une indéniable efficacité. Mais les temps calmes l’ennuyaient en le contraignant à se réduire à un rôle de gestionnaire pour lequel il n’était pas fait.
Un peu d’histoire
L’immobilisme de Jacques Chirac – à l’exception de l’opposition à l’intervention américaine en Irak, résumée à du verbe à l’ONU – – était la conséquence d’une présidence tranquille, plus morale que dynamique, imprégnée de tout ce qu’il ne fallait pas faire pour que la France progresse dans l’audace et le progrès. Le principe de précaution était de la précaution mise en politique.
Un Kennedy, aussi discutable qu’il ait pu être dans ses rapports troubles avec la mafia et ses aventures amoureuses inquiétant les services secrets, était un président – Cuba l’a démontré – doué pour les « coups de chaud » alors qu’Obama, à cause de son talent oratoire, n’était pas à la hauteur des tensions et des crises : la Syrie en a été la preuve avec le lâchage au dernier moment de François Hollande.
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Je pourrais prendre d’autres exemples qui justifieraient ma théorie du président intermittent. Le bon pour la normalité tranquille puis le bon pour les crises de toutes sortes.
Le président Macron superficiel face aux périls actuels?
Il serait intéressant de se pencher sur le quinquennat d’Emmanuel Macron dont on peut dire, à l’exception de la première année, qu’il n’a été irrigué que par des tensions, des tragédies, du terrorisme, une insécurité galopante, des révoltes sociales et une épidémie gravissime inédite. Il me semble qu’une perception lucide aurait pu le conduire à une présidence constamment inspirée par les temps de crise. Je n’ai pas l’impression qu’il ait choisi cette voie mais plutôt l’envie permanente de traiter l’extra-ordinaire en ordinaire, les choix à effectuer sous le pavillon stérile du « en même temps », un pays en délitement avec des invocations superficiellement guerrières.
Combien de fois, comme citoyen, me suis-je dit qu’à tel moment il faudrait faire revenir tel président, à tel autre, rentrer telle personnalité !
Paradoxalement je devine pourquoi les temps de crise ne sont pas honnis par les gouvernants, et même obscurément désirés : la réalité est univoque et son enseignement est clair. Il faut se battre, résister, on est moins jugé, l’unité est favorisée, on est aimé tout simplement parce qu’on est là !
Un jour, qui sait, la République nous offrira un président achevé, complet.
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