Les électeurs autrichiens ont repoussé dimanche 20 janvier, avec près de 60% des voix, une proposition référendaire du chancelier social-démocrate Werner Faymann visant à supprimer le service militaire obligatoire et instituer une armée de métier. Cela ne signifie absolument pas que les Viennois, Tyroliens et autres yodleurs des montagnes soient des « fana-mili » ne rêvant que de crapahut et chaude camaraderie de chambrée, bien au contraire. La suppression de la conscription était, dans l’esprit du chancelier, un premier pas vers la normalisation de l’Autriche dans l’espace européen et atlantique. En effet, depuis le traité d’Etat de 1955, qui mettait fin à l’occupation militaire de l’Autriche par les vainqueurs de la seconde guerre mondiale, le pays s’était imposée une stricte neutralité, s’interdisant de participer à toute alliance militaire, et cantonnant son armée à des missions uniquement défensives.
Les opposants à la création d’une armée professionnelle craignaient qu’elle ne soit le prélude à une intégration de l’Autriche au sein de l’OTAN, et à la participation de soldats autrichiens à des conflits militaires proches ou lointains. Le conscrit, en effet, ne se traite pas comme un engagé : un gouvernement y regarde à deux fois avant de l’envoyer se faire voir chez les talibans. La « marche de Radetzky », c’est donc toujours pour le concert du nouvel an à la Musikverein de Vienne, et pas pour l’entrée triomphale des armées autrichiennes en première division.
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