Dans le plus grand pays d’Amérique du Sud, un groupuscule d’individus s’est emparé du pouvoir politique. Il s’agit des… magistrats de la Cour suprême.
Éric Zemmour vient de faire l’expérience de la censure sur Instagram où son profil a été suspendu pendant 24h. Coïncidence saisissante, la justice brésilienne vient d’ordonner à Instagram et à d’autres réseaux sociaux de démonétiser une dizaine de profils de droite, parmi les plus importants du pays. Dans les deux cas, l’opposition est expulsée du champ démocratique au moyen du délit d’opinion. Ne sont autorisés à s’exprimer que les oppositions inutiles, celles qui ont fait allégeance à l’establishment pour « avoir la vie sauve » et celles dont l’incompétence fonde l’innocuité.
L’establishment contre la démocratie
Cela dit, le Brésil a une longueur d’avance sur la France, car ici l’establishment a fait son coming out et assume ouvertement la censure. Il en a confié la mise en œuvre aux plus hautes juridictions du pays, qui désignent leurs cibles aux GAFAM. Les réseaux sociaux ont d’ailleurs intérêt à s’exécuter, sous peine d’amende.
Si le Brésil a déjà basculé dans le monde d’après, c’est que sa Cour suprême a accompli un véritable coup d’état judiciaire. Un coup d’état pacifique et à bas bruit. En avril 2020, la Cour suprême a décrété qu’elle était victime d’une conspiration visant à salir sa réputation et à remettre en cause la démocratie. Cette menace coordonnée aurait deux visages : la « propagation de fake news » et la « promotion d’actes antidémocratiques ». Or, aucun de ces crimes n’est prévu dans la législation brésilienne, celle-ci prévoyant d’autres infractions comme l’injure, la calomnie, la diffamation et bien entendu la subversion. Peu importe, la Cour suprême a décidé de mener une croisade contre des crimes virtuels qui n’existent que dans l’esprit de ses membres.
Le blogueur Oswlado Eustaquio a été une des premières victimes du coup d’état judiciaire. En décembre 2020, il a été placé en détention à Brasilia pour « actes antidémocratiques », il a quitté la prison quelques semaines plus tard, en chaise roulante et tétraplégique. Il affirme avoir été torturé ; les autorités répondent qu’il a subi une chute en cellule. Qui croire ? En tout cas, il n’avait rien à faire en prison parce qu’inciter à la commission d’actes antidémocratiques est une vue de l’esprit : ça n’existe pas dans le code pénal brésilien.
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Roberto Jefferson (centre-droit), un ancien député a été mis en taule la semaine dernière pour le même motif virtuel : acte anti-démocratique. Un autre député, celui-ci en exercice, Daniel Silveira (droite), est actuellement en prison pour un prétexte similaire. Au diable l’immunité parlementaire !
La machine est devenue folle et ne se préoccupe plus de préserver les apparences. Les avocats des prévenus ont eu le plus grand mal au monde à accéder aux pièces du dossier. La personne se retrouve donc en prison sans savoir ce qui lui est reproché ! La Cour suprême ne prend même pas la peine de consulter le Parquet qui, au Brésil, dispose du monopole de la recherche de l’infraction et du monopole de l’information judiciaire. Désormais, la Cour Suprême est procureur, juge et enquêteur. Violation totale et sans équivoque des principes fondamentaux du droit brésilien.
Une police de la pensée
Un précédent a été installé. On peut désormais persécuter les Brésiliens au nom de crimes fictifs et au mépris du code de la procédure. Il suffit qu’ils pensent mal. Si un député est derrière les barreaux pour ses opinions, à quoi peut s’attendre un simple citoyen?
La folie est désormais licite tout comme l’arbitraire. Le Parlement vient de lever le secret bancaire d’un site de droite, accusé d’être « l’allié du virus ». Comme si le virus était un agent politique avec lequel on pourrait faire alliance et conspirer ! Délire total et chasse aux sorcières ! En réalité, ce qui est reproché au site en question, Brasil Paralelo, est d’être devenu le Netflix de la droite brésilienne, avec plus de 200.000 abonnés payants. Les parlementaires qui ont commis cette « bêtise » agissent dans le cadre d’une commission d’enquête instaurée par la Cour suprême en avril 2021, au mépris de la séparation des pouvoirs.
Le contexte de la pandémie a rendu possible le coup d’état. La presse aux ordres a anesthésié les consciences et a instauré un climat d’exception permettant de faire passer l’Impensable. Cet impensable correspond à une politique, bien réfléchie, qui consiste d’une part à faire taire les opposants et d’autre part à libérer les amis de la caste. Ainsi, Lula, par décision de la Cour suprême, a été non seulement libéré mais aussi blanchi !
Traumatisé par l’élection-surprise de Bolsonaro, l’establishment a repris la main et soigne ses candidats en vue de la présidentielle de 2022. Il ne sait pas encore s’il va choisir le populisme de gauche (Lula) ou bien pousser une sorte de Macron brésilien, capable de vendre tout et son contraire avec un sourire angélique. Pour tenir le rôle du gendre idéal, la castepeut compter sur João Doria (le gouverneur de São Paulo, adepte du masque et du vaccin), Luciano Huck (un présentateur télé progressiste) ou bien Eduardo Leite (un jeune gouverneur de centre-gauche).
En attendant, la démocratie se meurt. Les journalistes de droite prennent le chemin de l’exil. Ana Paula Henkel s’exprime depuis la Californie, Allan dos Santos et Paulo Figuereido ont trouvé refuge en Floride. En 2022, le Brésil aura peut-être ses premières élections au suffrage universel sous la « dictature » : des élections sans liberté d’expression et sans pluralisme. Des élections sans le peuple.
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Il ne sert à rien de pleurer et de s’indigner. La seule question qui en vaut la peine est : qu’avons-nous fait pour contrer les mauvaises intentions de l’oligarchie ? Cela vaut pour le Brésil et pour la France aussi. Nous n’avons aucune excuse, le scénario a été exposé et mis en œuvre aux États-Unis, sous nos yeux et en direct sur CNN. Censure systématique et assumée, collusion entre le grand capital et le Parti démocrate, violence contrôlée des Black Lives Matter, isolement des individus (donc des insurgés potentiels) au nom du virus, manipulation des élections. Il n’y a plus d’Etat de droit, tout est possible désormais au nom de la « lutte contre la désinformation et le covid ».
Une insurrection urgente
A la censure des GAFAM, il faut opposer un retour partiel à l’analogique : journaux, magazines, radios FM et AM, télévisions par satellite émettant depuis des « pays libres ». A la persécution politique, il faut répondre par une culture d’insurgés : semi-clandestine, dissimulée, autosuffisante, à cheval sur plusieurs pays, financée à bas bruit.
La démocratie fait partie du passé. L’establishment a déjà dépassé la démocratie. Il prépare l’avènement d’un nouvel ordre. Bientôt, le cadre institutionnel sera mis à jour, c’est-à-dire que la Constitution sera changée. Pour cela, il « faut » un choc systémique de plus : une nouvelle pandémie, une intifada des banlieues en France ou une insurrection des mafias au Brésil… Lors du prochain choc, sera probablement mise sur la table une nouvelle constitution, plus adaptée à la manière dont la caste souhaite nous gouverner.
Ce n’est ni une théorie de la conspiration ni une figure de style. Les constitutions changent, les institutions meurent et d’autres prennent leur place. Nous sommes dans une phase de transition tout simplement. Du coup d’état permanent que nous vivons ces jours-ci, nous passerons vers un nouvel état d’équilibre. Installés dans cette nouvelle gouvernance, nous regarderons probablement en arrière, la conscience tranquille, et nous dirons à nous-mêmes : « qu’il est bon d’avoir renoncé à la démocratie et aux droits de l’homme, nous sommes tellement mieux maintenant, convertis en rats de laboratoire et en machines à influencer ».
C’est le moment d’agir, vite et bien. L’ennemi est implacable et ne nous laissera pas une seconde chance de lui tordre le cou.
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