Accueil Édition Abonné Accueillir les Afghans ?

Accueillir les Afghans ?


Accueillir les Afghans ?
Affiches pour une manifestation à Paris, dimanche 22 août 2021 Adrienne Surprenant/AP/SIPA AP22598252_000008

Il faut n’avoir aucun cœur pour ne pas vouloir secourir les Afghans qui fuient la double monstruosité de la charia et des guerres tribales. Il faut n’avoir aucune conscience pour vouloir lâcher des gens forgés par des siècles de combats, de razzias et de fanatisme au milieu de son propre peuple désarmé.


Une république corrompue portée à bouts de bras par les USA a été renversée par l’armée d’une théocratie totalitaire soutenue par le Pakistan et le Qatar. Difficile de nier le rôle de l’Occident, et en particulier de l’Amérique, bien que l’on puisse, et doive, se demander ce qui relève de l’arrogance, de l’incompétence, des mauvaises excuses que l’on donne pour sauver la face, et de l’hypocrisie cynique et calculatrice. Difficile de nier l’aveuglement plus ou moins volontaire de nombre de commentateurs depuis 40 ans, dont Le Monde Diplomatique a rassemblé un saisissant florilège, et on se demande s’il faut rire ou pleurer de voir que plusieurs auteurs des pires absurdités de l’époque sévissent encore comme donneurs de leçons subventionnés.

Mais enfin ! A écouter certains, on en arriverait à croire que l’Occident n’a rien fait pour l’Afghanistan, et que les Afghans n’ont aucune part de responsabilité dans la situation de leur pays. Comme le rappelle le général François Chauvancy dans une excellente analyse, « près de 1.700 milliards d’euros ont été dépensés en Afghanistan par les États-Unis soit près de six fois le budget annuel de la France, près de 2.500 Américains tués et 20.000 blessés, pour leurs alliés quelques centaines de tués (France 89, Royaume-Uni 453) et des milliers de blessés souvent amputés. » Quant aux Talibans, ils sont tout aussi afghans que les civils qui fuient la prise de Kaboul – ce qui ne veut pas dire grand-chose dans un pays de conflits séculaires entre tribus, mais devrait suffire à disqualifier quiconque nous explique qu’il est urgent d’accueillir « tous les Afghans ».

À lire aussi: Serge Féray, Pour un émirat inclusif

Y a-t-il, parmi les futurs migrants afghans qui ne manqueront pas de frapper à nos portes, des gens bien, des gens qui aspirent simplement à vivre sans faire de mal à personne et méritent toute notre compassion et notre hospitalité ? Oui, assurément. Y a-t-il des gens que nous avons le devoir d’accueillir ? Oui, bien entendu, à commencer par nos anciens auxiliaires, dont le trop long abandon est une souillure sur notre honneur, et une faute lourde des gouvernements successifs et du ministère des Armées.

Mais :

En 2013, le Pew Research Institute observait que 99% des musulmans afghans souhaitaient que la charia soit la loi officielle du pays, 85% étaient favorables à la lapidation des femmes adultères, et 79% considéraient que les apostats quittant l’islam devaient être mis à mort. Gageons que les cours sur la théorie du genre financés par les USA n’y auront pas changé grand-chose… Les légions de l’Urbs considéraient qu’il fallait au moins trois générations pour romaniser un pays conquis, et pourtant leur vision du monde était « légèrement » plus solide et convaincante que le wokisme.

Parmi ceux qui fuient les Talibans, il n’y a pas que des habitants occidentalisés de Kaboul, mais aussi des personnes qui n’ont pas un seul instant l’intention de s’adapter à nous si nous les accueillons, et sont au contraire bien déterminés à persévérer dans leurs modes de vie. Ainsi des criminels auteurs de tragiques faits divers, dont il faut bien se demander s’ils ne sont que des faits divers ou les révélateurs d’un mal plus profond. Ainsi des adeptes de l’abjecte tradition des « bacha bazi », ces adolescents et pré-adolescents utilisés comme esclaves sexuels, et on pense à ce garçon de 12 ans violé en 2018 par un migrant afghan à Saint-Brieuc. Rappelons donc que les Talibans avaient interdit cette pratique : entre les islamistes, qui pratiquent le viol et le mariage forcé des filles, et leurs ennemis qui pratiquent le viol et l’esclavage sexuel des jeunes garçons, on est loin du cliché hollywoodien bien-pensant selon lequel nous devrions accueillir à bras ouverts les gentils qui fuient les méchants – qui fuient au lieu de combattre, d’ailleurs. Il est frappant de voir une fois de plus que les foules de « réfugiés » qu’on nous montre ne sont pas des familles mais des groupes de jeunes hommes en âge de combattre mais qui abandonnent leurs familles derrière eux.

On se souvient aussi – ou on devrait se souvenir – qu’en octobre 2020 Kaboul fut le théâtre d’importantes manifestations anti-françaises : nous avions commis le crime impardonnable de ne pas nous plier à la soif de censure de l’islam. Et les Talibans n’étaient pas encore au pouvoir dans la capitale afghane….

À lire aussi: Driss Ghali, Ode aux Talibans

Quant aux rivaux des Talibans dans les luttes claniques, dans le trafic de drogue endémique (l’Afghanistan produirait selon les estimations entre 50% et 90% de l’héroïne mondiale), qu’ils veuillent échapper aux nouveaux maîtres du pays ne fait pas d’eux de braves gens. Sans oublier, naturellement, ceux des 99% qui approuvent la charia, n’ont pas de désaccord philosophique majeur avec les Talibans, mais qui, voyant nos frontières ouvertes, se diront que les allocations et le confort d’un pays de kouffars offert à la prédation valent bien de supporter un peu de mécréance.

Alors que faire ? D’abord se poser les bonnes questions, et surtout se les poser dans le bon ordre. Il ne faut pas nous demander combien de réfugiés afghans nous devons ou voulons accueillir, puis comment les intégrer, mais il faut au contraire nous demander quel degré de coercition nous sommes prêts à exercer sur ceux que nous accueillerons pour les forcer à s’assimiler – car nos civilisations sont trop profondément différentes pour que la seule intégration suffise. Jusqu’à quel point, aussi, voulons-nous d’une société de surveillance pour gérer des populations ne partageant en rien notre « common decency » (selon le terme d’Orwell), et que nous aurons faites venir ? Répondre à ces questions nous dira combien nous pouvons accueillir de ces réfugiés, et ensuite seulement nous serons en mesure de nous demander combien nous voulons en accueillir.

Le constat, hélas, est tragique. Notre capacité à contraindre pour obliger à l’assimilation est devenue désespérément faible : nous sommes désarmés, juridiquement, intellectuellement et moralement, nous avons été désarmés par des dirigeants dont les priorités sont la docilité du contribuable solvable et l’achat de la « paix sociale » et des voix des minorités vagissantes, et nous nous sommes désarmés nous-mêmes – il faut lire à la fois Ibn Khaldoun et Soljenitsyne.

Après 1905, il a fallu imposer la laïcité par la force aux catholiques de France, et il y eut des affrontements violents avec les forces de l’ordre, les gendarmes étant parfois contraints d’ouvrir le feu – et pourtant, ces catholiques qu’ils affrontaient partageaient depuis des siècles le substrat culturel ayant conduit à la loi de 1905. Sommes-nous prêts, aujourd’hui, à ce que les gendarmes ouvrent le feu pour imposer la laïcité aux musulmans en France ? Pour l’imposer aux migrants afghans ? Ceux-là viennent d’une culture guerrière, violente, rustique, profondément attachée à la loi religieuse. Qui peut croire un seul instant que le Syndicat de la Magistrature et les rodomontades de Darmanin vont les impressionner ? Dans leur monde, on ne respecte que ceux qui savent se faire respecter. Sommes-nous prêts au degré de brutalité et de combativité nécessaire pour leur imposer de nous respecter ?

À lire aussi du même auteur : Le feu et le sang

Voilà notre faute. Nous pourrions donner asile aux migrants afghans si nous étions capables de mater ceux d’entre eux qui refuseront d’obéir à nos lois et d’adopter nos mœurs. Mais nous y avons renoncé, au nom de la « tolérance », au nom de « l’ouverture à l’Autre ». Nos dirigeants et toute la caste des bien-pensants larmoient devant les souffrances des Afghans, et haussent les épaules devant celles des Français. Nous pourrions être un havre, un sanctuaire où ceux qui fuient l’horreur de la charia trouveraient un abri, mais nous ne sommes plus qu’un territoire ouvert à tous les vents et déchiré par son incapacité à défendre sa civilisation contre ceux qui veulent la détruire. Ceux qui veulent que nous ouvrions grand nos portes à toute personne fuyant les Talibans veulent aussi que nous ouvrions grand nos portes à l’idéologie des Talibans.

Le monde musulman – 48 pays en plus de l’Afghanistan – n’a pas nos scrupules. Il pourrait accueillir ceux qui quittent l’Afghanistan : il a les moyens de construire des pistes de ski artificielles dans le désert et le plus haut gratte-ciel du monde, il a les moyens de financer un prosélytisme agressif sur la planète entière, des mosquées et des écoles coraniques jusque dans nos petites villes de province, d’acheter des joueurs au PSG pour des sommes qui nourriraient des milliers de réfugiés pendant des années, et d’œuvrer à l’instauration d’une censure mondiale au nom de la lutte contre « la diffamation des religions ». Et il n’aurait pas les moyens d’accueillir des Afghans en fuite ? A d’autres ! Au moins, le déracinement et le choc culturel seraient moins rudes pour les réfugiés, et ils ne seraient pas confrontés à ce que tant et tant de leurs coreligionnaires nomment notre « islamophobie ».

Je devine de fortes réticences. Alors, que ceux qui refusent cette solution se demandent pourquoi. Si l’on considère que les réfugiés afghans, et notamment les femmes, seraient opprimés partout dans le monde musulman, n’est-ce pas la preuve d’un problème systémique, la preuve que l’islam n’est pas que « paix et tolérance » ? Il faut choisir : si l’on considère de notre devoir d’accueillir ceux qui fuient la mise en œuvre de la charia, alors il est aussi de notre devoir de refuser l’idéologie qui sous-tend la charia. Ce qui est monstrueux en Afghanistan ne devient pas une « diversité qui est une chance pour la France et un enrichissement culturel venu d’une minorité qu’il ne faut pas stigmatiser » une fois installé au coin de la rue.

Alors que faire ? Nous réarmer moralement, intellectuellement et juridiquement. Oser reconquérir notre pays et y faire respecter partout nos lois et notre art de vivre, à la lumière des principes éthiques et anthropologiques qui définissent notre civilisation au moins depuis la première fois où Homère a chanté. N’accueillir que ceux à qui nous saurons imposer l’assimilation – soit qu’ils la souhaitent déjà, soit que nous soyons en mesure de les y contraindre – et refuser les autres.

N’en déplaise aux « progressistes » pour qui « discriminer » est le pire des crimes, nous n’avons pas à traiter de la même manière une adolescente afghane qui vient chez nous pour échapper à un mariage forcé et est prête à adopter notre culture, et un migrant qui veut vivre ici mais a la ferme intention de continuer à interdire à sa femme de sortir, et enseignera soigneusement à ses futurs enfants qu’il serait grand temps que la France s’adapte à la charia – enfants qui, bien sûr, auront le droit de vote comme le veut le droit du sol, aussi absurde qu’irresponsable.

Le droit d’asile, ce n’est pas d’ouvrir les portes de la bergerie aux loups, même aux loups blessés.




Article précédent Pour un émirat inclusif
Article suivant Et si on faisait entrer au Panthéon le Français lambda?
Haut fonctionnaire, polytechnicien. Sécurité, anti-terrorisme, sciences des religions. Dernière publicatrion : "Refuser l'arbitraire: Qu'avons-nous encore à défendre ? Et sommes-nous prêts à ce que nos enfants livrent bataille pour le défendre ?" (FYP éditions, 2023)

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération