Après l’entrée des Talibans à Kaboul, l’Occident prendra-t-il enfin conscience du danger islamiste global ?
L’Afghanistan est un pays lointain, peuplé de montagnards archaïques peut-on entendre, pourquoi donc s’en soucier ? D’ailleurs, les Talibans qui viennent de reprendre Kaboul n’ont-ils pas promis qu’ils resteraient « modérés » dans l’imposition de la charia et que le pays ne sera plus une base pour le terrorisme international ? Cette armée clanique se contentera sans doute de la mise en coupe réglée du territoire afghan et de ses champs de pavots. Pas de quoi s’inquiéter, vraiment ? Ces « barbus pachtounes » auraient donc, sans soutien intérieur et sans aide extérieure, mis en déroute en quelques jours l’armée afghane qu’ont tenté de former les Etats-Unis pendant vingt ans ? Ces islamistes talibans n’auraient donc aucun lien avec d’autres islamistes, sur place, au Pakistan voisin, dans cet Orient aussi proche de nous que de l’Asie centrale, ou même dans la vaste Afrique parcourue elle aussi par les réseaux islamistes à la fois concurrents et concourant à la même fin, celle de « la fin de l’occidentalisation » ?
Quand réalisme rime avec court-termisme
Depuis les années 60, dans un double mouvement complexe, l’Afghanistan s’est en partie modernisé ou « occidentalisé », et est devenu par ailleurs un terrain d’affrontement géopolitique à l’échelle mondiale. Dans les années 70, s’y manifestait la guerre plus ou moins froide entre deux modernismes, celui de l’Est et celui de l’Ouest, entre l’URSS et les Etats-Unis. A partir des années 2000, les puissances occidentales y ont pris pied avec pour but annoncé d’assécher une des sources du terrorisme islamiste international. Mais faute de véritables perspectives stratégiques, les moyens considérables investis ont alimenté tout autant la corruption que le ressentiment,
