Se réclamer du gaullisme n’est pas très… gaullien. Le Général lui-même n’a jamais ressenti le besoin de fonder sa légitimité sur celle de quelque précurseur.
Ne pourrait-on pas espérer que notre classe politique, extrêmes compris, cessent de se référer au général de Gaulle et s’en affranchissent ? Non pas que celui-ci ne soit pas un modèle, une référence, un héros … mais hélas, un héros mort pour toute une partie de l’électorat. Et non, ce n’est pas un sacrilège que de dire cela. Il est bien légitime de s’enorgueillir de notre passé, même récent et de celui qui a changé le cours de notre histoire. Ce n’est plus le sujet : il est tout aussi légitime de souhaiter avoir des femmes et des hommes qui se présentent à nos suffrages, capables de s’affirmer sans avoir besoin de s’enduire de la gloire de notre sauveur de la dernière guerre mondiale, fondateur de surcroit de nos institutions, que par ailleurs d’aucuns rêvent de changer.
Quand un nom tient lieu de programme
Les jeunes en particulier ont le droit de rêver d’autre chose que de ce passé, si glorieux soit -il. Pour beaucoup et de plus en plus, cette référence, pour un peu qu’on la connaisse autrement que de manière vague, est désincarnée et dépassée … on peut le regretter mais aussi le comprendre parfaitement. On ne va pas ramener à la politique une nouvelle génération en chantant les louanges du général de Gaulle … ou de Napoléon.
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Or, le soulagement de nos prétendants est évident, la référence à de Gaulle tient lieu de programme ou le complète bien ! Et le bonheur de nos candidats est de déclarer par exemple qu’ils sont inspirés par le « gaullisme social », d’autres se prétendant touchés par la grâce gaullienne (très en vogue dans les médias) s’en servent pour affirmer « une certaine idée de la France » sur la souveraineté, l’indépendance, la puissance… ce qui laisse nombre d’entre nous de glace tant la distance qui existe entre ce modèle et le monde d’aujourd’hui est grande !
Certes, on n’imagine pas le général de Gaulle mis en examen, mais se servir de cette référence dans les circonstances de la dernière élection présidentielle était assez minable.
Un Général 2.0 ?
Tous ceux qui rêvent d’un monde nouveau ou du « monde d’après » voient mal comment le Général dans sa grande sagesse aurait réussi, par exemple, à contrôler le phénomène des fake news, les réseaux sociaux, la woke culture, la violence des banlieues… Sans parler des problèmes coloniaux qu’il avait évacués partiellement à l’époque par avec un « Je vous ai compris » que personne n’a jamais voulu ou réussi à expliciter, c’est ça aussi le talent.
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Le Général lui, n’a jamais fait référence à quiconque pour assoir sa légitimité, ce qui ne l’empêchait pas de s’approprier personnellement l’histoire de France ; rappelons cette savoureuse anecdote en conseil des ministres où, tapant du poing sur la table, il lança : « Voilà 1000 ans que je le dis ! »
Notre personnel politique doit trouver autre chose pour prouver ses compétences et sa valeur que le soutien subliminal du général de Gaulle… qu’ils doivent imaginer s’attribuer en faisant référence à lui. On ne se fait pas élire à l’ombre de la statue du commandeur.
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