Aidé par la presse progressiste et des people aux ordres des associations féministes, Gérald Darmanin s’évertue à nous convaincre que la France vivrait sous la menace d’un machisme meurtrier et endémique.
Lundi 1er août, à côté de la météo et de l’horoscope, Le Parisien nous informe de l’anniversaire de l’humoriste Muriel Robin. La comique fête ses 66 ans. Quel âge avait-elle la dernière fois qu’elle a fait rire son public, déjà ? Le Parisien ne laissant rien au hasard, Gérald Darmanin semble répondre à notre flamboyante artiste dans la même édition. En guise de cadeau d’anniversaire, dans un entretien, le ministre de l’Intérieur indique que la police nationale se voit confier séance tenante une nouvelle mission prioritaire. La lutte contre la délinquance ou contre l’islamisation des territoires perdus ? Le paquet mis contre les cambriolages de l’été ? Des contrôles accrus liés à l’épidémie, peut-être ? Non, vous n’y êtes pas du tout.
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Muriel Robin et la démocratisation du néologisme “féminicide”
En septembre 2019, alors qu’elle était interrogée par un Stéphane Bern “révolté” et “bouleversé” par le centième “féminicide” qu’il venait de comptabiliser cette année-là, l’inoubliable interprète de Jacqueline Sauvage s’enflammait au micro de RTL : “Beaucoup de choses ont bougé, il y a une vraie prise de conscience. Aujourd’hui, le mot féminicide existe, tout le monde est au courant, mais rien n’est mis en place. Il y a une urgence, il s’agit de la vie de femmes, de votre sœur, de votre cousine, de votre mère…” Mince, Bern ne savait pas, il a dû s’empresser de prévenir tout ce petit monde. “Il y a un moment où il faut aligner, il faut poser l’argent sur la table. Il y a non-assistance à personne en danger !” alertait l’humoriste, réclamant du fric pour les associations féministes. Coupable de meurtre avec préméditation, graciée sous la pression des réseaux sociaux par un François Hollande cherchant à retrouver un peu de popularité, Jacqueline Sauvage a bouleversé Muriel Robin. Depuis, la dénonciation des violences conjugales est son principal hobby. La grâce de celle qui avait tué de trois coups de fusil dans le dos l’homme qui la maltraitait avait pourtant fait craindre l’avènement d’un droit à l’autodéfense, voire aux règlements de comptes personnels pour peu que l’on appartienne à la gent féminine. Mais ces critiques furent vite oubliées, car elles produisaient des dissonances fâcheuses dans le discours progressiste.
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Toujours sur RTL, Muriel Robin interpellait ensuite le président Macron : “Moi je sais ce qu’il faut faire, c’est très facile. Mais on nous balade un peu [avec le Grenelle], on nous fait tenir. C’est mieux que rien… Je demande à notre président, combien vaut la vie d’une femme ? Il ne m’a pas répondu. Est-ce qu’elle vaut un milliard, la vie d’une femme ? Oui, bien sûr. Et en l’occurrence, on est déjà à 100. Il y a tout à faire.” Emmanuel Macron a beau avoir fait de l’égalité hommes-femmes la grande cause de son quinquennat, Marlène Shiappa a beau compter parmi les personnalités du gouvernement les plus populaires, pour les mouvements féministes, ce n’est évidemment jamais assez.
“Priorité aux plaintes pour violences conjugales”
Message reçu cinq sur cinq ! N’écoutant que son courage, balayant les critiques ayant suivi l’affaire tragique de Chahinez Daoud à Mérignac – et parce qu’il a peut-être quelque chose à se faire pardonner auprès des féministes – Gérald Darmanin a donc décidé lundi que les plaintes déposées par des femmes victimes de violence seraient traitées avant les cambriolages, les vols ou la lutte contre la drogue. Est-ce une bonne politique ? En tout cas, voilà de quoi ravir Robin ainsi que les éditorialistes du Parisien, qui qualifient de “chiffre noir” les 102 meurtres de femmes comptabilisés en 2020, et qui militent pour qu’il disparaisse à tout jamais. “C’est le combat d’une génération” croit savoir le journal qui, malgré l’été, pousse plus loin que jamais ses analyses : “Le chemin est encore long avant que le terme de “féminicide” ne disparaisse du dictionnaire”. Chez Causeur, je dois reconnaitre que nous n’avons jamais franchement milité de notre côté pour que ce mot y entre.
Un ministre exemplaire pour une société qui ne l’est pas moins
Darmanin, lui, semble persuadé que le péril machiste est le plus grand et que ce combat est la priorité du moment. Le problème qu’il est dorénavant interdit de qualifier de “crime passionnel” serait-il donc soluble ? Oui, grâce à l’entêtement gouvernemental, nous serions sur la voie de l’accomplissement. “Depuis le Grenelle des violences conjugales porté par Marlène Schiappa, une révolution s’est opérée. Aujourd’hui, le thermomètre donne une meilleure réalité de la fièvre” observe-t-il. “L’objectif est que 100% des constatations se transforment en plainte ou en signalement à la justice, tout en proscrivant définitivement les mains courantes” explique le ministre. Cela semble relever du bon sens, mais cela permettra-t-il vraiment d’effacer le reliquat annuel d’une centaine de drames ? Constatant qu’il faudrait 25 000 agents là où il n’y en a que 17 000, Gérald Darmanin a promis la réduction des délais pour passer le concours des officiers de police judiciaire (en charge de ces affaires), une augmentation de leurs primes et un recentrage vers leur cœur de métier. Enfin, le ministre a souhaité que le rapport sur les ratés de l’affaire de Mérignac soit rendu public. Une belle exemplarité nous est promise.
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Reste que tout ce petit monde qui se bat contre les “féminicides” est un peu semblable à Don Quichotte face à ses moulins à vent. Comme l’a déjà dit Elisabeth Lévy dans la présente gazette, en parlant à tort et à travers de “féminicide”, nous enfermons des tragédies individuelles sous un même bocal, et nous nions par exemple la singularité de Chahinez Daoud et de son histoire particulière. Ensuite, le terme “féminicide” suggère par homophonie que les femmes en France seraient menacées par un génocide… Or, pardon, mais même avec 120 ou 150 cas de femmes qui meurent tragiquement sous les coups d’un proche chaque année, cela ne représente jamais que 0,0005% de femmes françaises. Est-on alors vraiment censé voir là quelque chose de “systémique” dans notre société ? Enfin, nous ne parlons jamais des quelques hommes également victimes des violences de leurs compagnes ou des infanticides majoritairement perpétrés par des femmes. Alors, s’il faut peut-être poursuivre nos efforts pour recueillir au mieux la parole des victimes et les aider, ces incessants appels à l’expiation de cette violence “systémique” des hommes n’a en réalité rien d’une sagesse collective.
Avec sa nouvelle grande priorité, le premier flic de France semble nous promettre que nous serons débarrassés demain des mal-nommés “féminicides”. Attendons de voir. Pour l’instant, dans le monde progressiste parfaitement monotone qui nous habitons, nous observons un petit cirque mi-woke mi-féministe qui s’agite et nous ennuie.
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