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Joseph Hansen, fin de partie

Mes vacances chez les bouquinistes


Joseph Hansen, fin de partie
Image d'illustration Unsplash

Mes vacances chez les bouquinistes, la série de l’été de Jérôme Leroy.


Et à un moment, il arrive que les héros vivent leur dernière aventure. Joseph Hansen (1923-2004), en créant le personnage de Dave Branstetter au début des années soixante, avait, à sa manière, bousculé les canons du genre. Brandstetter était certes un détective privé, en fait l’enquêteur d’une compagnie d’assurances, mais surtout dans un genre littéraire plutôt macho, il était aussi un homosexuel et l’assumait parfaitement.

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Sa fragilité et ses fêlures n’étaient pas à chercher dans une consommation excessive d’alcool ou une carrière de flic qui aurait mal tourné, ni même dans sa sexualité, mais plutôt dans le constat chaque jour renouvelé d’une nature humaine peu ragoutante. Cela avait donné un angle de vue nouveau aux romans de Hansen, qui n’avait pas fait de son personnage un bloc monolithique mais un homme qui vieillissait de livre en livre et suivait les évolutions de la société californienne d’un œil tolérant et désabusé.

Dernière enquête et livre testament

Dans Un pays de vieux, paru en France en 1993, Joseph Hansen l’envoie pour une dernière fois au front alors qu’il a pris sa retraite et repris le restaurant d’un vieux copain décédé, uniquement pour ne pas voir disparaître le décor de sa jeunesse. Mais, cette fois-ci, c’est l’enquête de trop. Dave a soixante piges bien sonnées, il fume toujours alors qu’il a des problèmes cardiaques. Deux affaires vont le préoccuper. D’abord, le sort d’un gamin dont les parents oscillent entre alcoolisme et toxicomanie et sont peut-être mêlés à l’assassinat d’un musicien pop dealer de crack. Mais aussi et surtout, Dave va revoir un par un ses amis de collège, séniles et trouillards, qui s’affolent parce qu’un ancien condisciple devenu écrivain s’apprête à sortir un roman autobiographique qui risque de les compromettre…

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Un pays de vieux est un livre testament, celui d’un personnage et de son créateur. Le roman noir, tout comme le western, sait s’élever au classicisme quand il devient crépusculaire et aborde, sans en avoir l’air, la question de notre rapport à l’âge et à la mort. L’Amérique de ce début des années 90 ressemble, sous la plume de Hansen, à une maison de retraite où les vieux, comme Saturne, se nourrissent de leurs enfants. Comme votre serviteur, ceux qui ont déjà lu quelques enquêtes de Brandstetter (Un blond évaporé, Le garçon enterré ce matin…), assisteront à la mort du héros qui tire sa révérence non sans élégance, le cœur brisé autant par un infarctus inévitable que par la désillusion, auront la gorge serrée.

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