Le billet du vaurien
Je me garderai bien de répondre à leur place, sinon pour avouer que je considère les femmes comme des animaux dangereux dont on ne se méfiera jamais assez. Je suis d’ailleurs toujours surpris de voir comment avec des techniques assez raffinées, elles parviennent à mettre en laisse « l’homme de leur vie » et à voir comment ce dernier se soumet volontiers à leurs caprices et, pour le dire simplement, ont peur d’elles. En jouant le rôle de la victime, elles tissent des pièges dont l’homme est incapable de se dépêtrer et finit, par lâcheté, à s’accommoder, persuadé qu’il est un incorrigible égoïste dont la rédemption passe par la libération du petit être fragile et sans défense dont il abuse.
Eh bien, qu’y puis-je? Rien…
J’en parlais avec une amie colombienne qui, pour une fois, abonda dans mon sens : « Si les femmes se sentaient opprimées par les hommes, elles éprouveraient envers eux le sentiment de haine ou de peur qu’inspire tout oppresseur. » Or, ajouta-t-elle, la femme n’a pas du tout l’impression d’être sous tutelle. L’une des nombreuses vérités déprimantes concernant les rapports entre les deux sexes est que, dans l’univers de la femme, l’homme n’existe pratiquement pas. Il n’y occupe pas la place nécessaire pour qu’elle se révolte contre lui. En revanche, elle entreprendra tout pour que les hommes dont elle dépend complaisamment, notamment sur le plan matériel, luttent avec encore plus d’acharnement pour lui assurer des conditions de vie qui leur donneront une supériorité sur les autres femmes. Le cinéma hollywoodien du siècle passé en a fait le thème d’innombrables films qui valent bien les revendications larmoyantes ou aigries qui défilent aujourd’hui sur les écrans.
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Mon amie colombienne revint sur un point avec lequel je ne pouvais qu’être d’accord, à savoir que quoi que fassent les hommes pour en imposer aux femmes, ils ne comptent pas. Dans le monde des femmes, seules comptent les autres femmes.
Lâcheté masculine
Et souvenons-nous de ce que chante Marlène Dietrich dans « L’ange bleu » :
« Les hommes tournoient autour de moi
Comme des mites autour de la flamme
Et s’ils se brûlent,
Eh bien, qu’y puis-je? Rien. »
Et quand les hommes rient du misérable personnage qu’est Unrath, le professeur de lycée, ils répugnent à se voir dans ce miroir. Alors qu’ils écoutent le « tube » de Nancy Sinatra : « Ces bottes sont faites pour marcher – et c’est ce qu’elles vont faire. Mais un de ces jours ces bottes marcheront sur vous…» Ce « tube » satisfait aussi bien la nostalgie qu’a l’homme d’adorer une déesse impitoyable que la revendication de la femme à la toute-puissance.
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Et l’amour dans tout cela ? ai-je demandé à mon amie colombienne. Elle m’a répondu en riant : « Avec l’amour l’homme se trompe lui-même et dissimule sa lâcheté.. » Il parvient même à se persuader que son esclavage vis-à-vis de la femme a une haute valeur morale. Il n’a pas conscience que la femme est froide et sans pitié. Et que plus il lui prodiguera des avantages, plus elle accroîtra ses exigences.
« Tu voulais savoir ce que je pensais de leur camelote féministe…je pourrais t’en révéler tellement plus… », conclut-elle. Je me gardai bien de la contredire.