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Trois électeurs LR en quête d’auteur

Petite sociologie fictive des électeurs républicains


Trois électeurs LR en quête d’auteur
Premier tour des élections régionales et départementales à Cucq (Pas-de-Calais), 20 juin 2021 © Ludovic MARIN / AFP

Une mère de famille médecin en Vendée, un jeune flic d’origine algérienne en Seine-Saint-Denis, un vieux commerçant dans le Berry… Ils n’ont rien en commun, si ce n’est une certaine idée de la France et, pour la défendre, leur bulletin de vote. Petite sociologie fictive des électeurs républicains.


Marie-Anne L., 58 ans

J’ai toujours aimé la campagne par ici, quand je la sillonne en voiture : on est au milieu de nulle part et pourtant on est en France. Une France oubliée, mais pas oubliée à la manière de la France périphérique, celle des zones pavillonnaires. Non, c’est une France rurale qui a plutôt été oubliée par l’histoire. Je suis médecin généraliste dans les Mauges, qui fut un foyer de la chouannerie. On dit qu’il y aurait eu un chouan dans ma famille. Dans les Mauges, quand on veut aller en ville, on va à Angers, ou à Nantes. D’ailleurs, c’est à Nantes que mes trois enfants font ou ont fait leurs études.

Je soupçonne Aymeric, l’aîné, d’avoir traîné là-bas avec les zadistes. Je crois bien l’avoir entrevu, il y a quelques années, dans un reportage de France 3 Pays de la Loire sur une manif  à Notre-Dame-des-Landes. Je ne lui en ai pas parlé, quand il est revenu le week-end. Je n’en ai pas parlé non plus à mon mari, ça aurait gâché le repas du dimanche. Mon mari est un responsable des Maisons familiales rurales du Maine-et-Loire, une association d’établissements scolaires pour les élèves du secondaire qui vivent en internat et, en plus de leurs études, apprennent à être autonomes dans la vie quotidienne.

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Il faut dire qu’on est plutôt une famille de droite, c’est-à-dire que nous avons voté Giscard en 1981, deux fois Chirac en 1988 et 2002, et deux fois Sarkozy en 2007 et 2012. Nous sommes catholiques, nous pratiquons dans la mesure du possible. Je ne suis pas forcément à l’aise depuis quelques années dans l’Église. J’aime bien le pape François, mais je le trouve parfois naïf quand il prône l’accueil inconditionnel des migrants.

Comme médecin, je comprends ce qui pousse des femmes au drame de l’avortement, j’essaie de les accompagner du mieux possible. Mais comme croyante, je m’en veux. Ça a été la même chose au moment de la Manif pour tous. J’ai défilé à Paris, la première manif de ma vie. On l’a faite en famille, à Paris. Sauf, comme par hasard, mon aîné, qui avait soi-disant un devoir de maths à préparer.

En 2017, j’ai voté Fillon au premier tour. Mon mari aussi.


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Été 2021 – Causeur #92

Article extrait du Magazine Causeur




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