Une procédure d’infraction formelle vient d’être lancée par la Commission européenne contre la Hongrie et la Pologne, au nom des « valeurs fondamentales de l’UE. »
En cause ? La décision hongroise de voter une loi visant à protéger les mineurs d’une promotion de l’homosexualité, loi jugée par dix-sept pays de l’Union comme « discriminatoire à l’encontre des LGBT ».
Deux camps
L’unité de l’Europe et son avenir sont en jeu. Deux camps s’opposent depuis longtemps : l’Ouest, héritier de 68, au libertarisme débridé, et l’Est, marqué par l’impérialisme russe, en proie au déclin démographique et à l’émigration de sa jeunesse. L’Ouest, fort des Droits de l’homme. L’Est, découvrant, à la chute du Mur, un Ouest sans « valeurs », et qui dénonce une approche « coloniale » des institutions européennes, dont un « impérialisme moral » tendant à déconstruire la famille. Quant à l’intelligentsia « coloniale », cela fait belle lurette qu’elle stigmatise l’illibéralisme d’une Europe de l’Est enfermée dans des traditions d’un autre âge.
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La Hongrie a deux mois pour répondre à la mise en demeure de retrait de cette loi. En cas de refus, une saisine de la Cour de justice européenne est envisageable. Sauf que condamner un etat pour discrimination est un casse-tête juridique. Car les condamnations doivent, en lien avec le droit de l’Union, donner matière à compétence, comme c’est le cas du commerce électronique et de la liberté de circulation des biens. La sanction serait sans surprise : une restriction financière du plan de relance, prix lourd à payer pour la Hongrie, également accusée devant la Cour de Justice européenne d’avoir prétexté la crise sanitaire pour restreindre illégalement le droit d’asile.
Une honte ?
Qu’est donc devenu l’universalisme des « valeurs » au sein de l’Union, consacré par un traité ? Outre l’inconstitutionnalité du mariage gay en Bulgarie, Croatie, Lituanie et Lettonie, la position conservatrice d’Orban trouve de plus en plus d’échos à l’Ouest et ailleurs comme le reconnaît lui-même Clément Beaune, secrétaire d’État aux affaires européennes. Opposer traditions et modernité serait dénué de sens. La vérité est que les 27, misant sur l’économie, ont cru que l’intégration culturelle des pays exotiques viendrait comme « un supplément d’âme » — pour reprendre cette expression inepte. Et voilà qu’un impensé culturel brouille le jeu. La vérité est que le lobby LGBT impose sa loi aux États au service d’un droit de l’hommisme dévoyé de sa fonction originelle.
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Il y a deux mois, Ursula von der Leyen s’était indignée : la loi d’Orban est « une honte ». Et la PMA et la GPA imposées par l’UE, Madame von der Leyen ? Ce « Salon de l’enfant » qui se tiendra à Paris, en septembre, comme l’année dernière, avec vente de gamètes selon le sexe et « la race » proposée par l’EUROPEAN SPERM BANK, c’est la gloire de l’UE ?
Alors, fini le drapeau aux douze étoiles ? Comme le Mur de Berlin, les cylindres d’acier du Parlement bruxellois, ceinturé de lobbys aux drapeaux multicolores, s’effondreront bientôt. Avec ses mille-feuilles juridiques, ce château de Barbe-Bleue règne par l’intimidation mais l’Europe est sans foi ni loi. En attendant, « Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée ! » Dans La Légende des siècles, la citadelle de Jéricho fut prise par Josué en sept jours au son de la trompette. Six tours de piste sans que rien ne se passe. Tout le monde ricanait. « A la septième fois, les murailles tombèrent. »