À 94 ans, le Menhir est retiré de la vie politique, mais il en demeure un observateur passionné. Il prédit un véritable « tsunami démographique », et n’imagine pas un embrasement des banlieues en cas de victoire de sa fille « dédiabolisée » qu’il soutient sans enthousiasme excessif. Mais si Marine était élue, ce serait « sur un rejet de Macron ».
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En dépit de ce revers [électoral des régionales], puisque vos idées, dites-vous, ont largement gagné dans la société, peuvent-elles gagner politiquement ?
La victoire de Marine n’est pas probable, mais elle est possible, parce que le mouvement électoral peut se produire sur un fait affectif ou sentimental, ou une épouvante quelconque…
Souhaitez-vous cette victoire ?
Je n’ai pas à la souhaiter ou non. C’est elle qui est en situation de pouvoir gagner. Elle n’accorde aucune importance à son père, elle ne me consulte jamais, me rencontre agréablement lors de réunions familiales, mais sans plus. On ne parle presque pas politique et quand on le fait, elle pense que mes conseils sont ceux d’un vieillard qui n’est plus dans la course. De surcroît, elle essaie le plus possible de faire oublier ma présence. Je suis un des rares chefs politiques qui ait été exclu du parti qu’il avait fondé et dirigé pendant quarante ans.
Cela vous rend-il amer ?
Non ! Je le prends avec un certain humour, ça ne me brise pas le cœur mais ça aurait pu le faire. Je ne suis pas quelqu’un d’amer ni de rancunier. Peut-être pas assez d’ailleurs…
Cependant, depuis quelque temps, on a l’impression d’un rapprochement…
Je suis réaliste, et j’observe que, pour l’instant, le candidat de droite nationale le mieux placé, c’est Marine Le Pen.
Aujourd’hui, qu’est-ce qui vous distingue d’elle sur le plan des idées, alors que le RN dénonce l’immigration massive, l’emprise islamiste dans les banlieues ?
Marine a cru devoir mettre une sourdine à ses revendications majeures, alors qu’il fallait avoir confiance dans le fait que le peuple, à un moment donné, se rendrait compte que les propositions n’étaient pas excessives mais raisonnables.
Il y a un domaine dans lequel vous êtes très différents, c’est l’économie. Êtes-vous aussi libéral que par le passé ?
La concurrence n’est pas sacrée, mais c’est le moins mauvais régulateur possible. Pour admettre des politiques dirigistes, il faut une formidable confiance dans les dirigeants. Or pour l’instant, ils sont tellement vagues et flous qu’on peine à voir ce que serait un dirigisme français.
Vous ne trouvez pas que nous sommes déjà un pays dirigiste ?
La France est une république autoritaire, bureaucratique. J’ai deux arbres morts dans le parc, mais je ne peux les abattre qu’avec l’autorisation de la municipalité, alors j’ai rempli un dossier et ils vont venir constater, photographier, délibérer, pour savoir si on peut ou non les couper. Et si jamais je le fais de ma propre autorité, je risque
