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Art (super) minimaliste


Art (super) minimaliste
© D.R.

On l’attendait, on l’a enfin ! La sculpture invisible ! Si vous ne voyez rien c’est que vous êtes vraiment un ignorant. Peut-être même un réac.


Aux championnats d’Europe de l’art contemporain, le Britannique Banksy a enfin trouvé un adversaire à sa taille ! L’Italien Salvatore Garau n’excelle pas dans les pochoirs de rue naïfs qui-en-disent-long-sur-le-système, mais son talent a récemment donné des frissons au marché de l’art. Le 18 mai à Milan, une de ses sculptures – que Le Monde qualifie aimablement d’« atypique » – a été vendue aux enchères pour la coquette somme de 15 000 euros. Intitulée Io sono (« je suis », en italien), l’œuvre a pour originalité d’être transparente. Est-elle en verre ? Non, la sculpture est tout bonnement invisible. Seul un carré de ruban adhésif de 1,5 mètre de côté sur le sol permet d’indiquer la présence du chef-d’œuvre.

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Cela n’a pas empêché un heureux acquéreur de recevoir son précieux certificat de garantie et d’authenticité. Et la spéculation continue. « Un de mes collectionneurs a toutefois l’intention de prendre contact avec la maison de vente aux enchères Art-Rite pour faire une offre de reprise au propriétaire », lequel a tenu à rester anonyme, explique notre grand artiste aux journalistes du Monde, pas plus étonnés que cela. La Scala de Milan a exposé un bouddha en contemplation invisible. À New York, depuis quelques semaines, un cerceau placé devant le Federal Hall sur l’île de Manhattan permet d’admirer une Aphrodite pleurant, invisible aussi.

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D’autres villes se sont déclarées intéressées par les œuvres minimalistes. Mais Salvatore Garau ne compte pas en abuser : il révèle vouloir s’arrêter après sept réalisations immatérielles. Le vide peut-il être réellement artistique ? se demandent notre journal du soir et quelques observateurs circonspects. « Ne rien voir rend fou. S’il est mal interprété, le vide crée des angoisses. Mais si vous lisez le vide avec les bons outils, vous découvrirez un monde d’une incroyable vitalité », argumente notre nouvelle coqueluche de l’art contemporain. Je vous laisse y réfléchir, celui s’y refusant dans un haussement d’épaules prenant le risque de se voir accusé d’avoir du vent dans la boîte crânienne.

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Article extrait du Magazine Causeur




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Rédacteur en chef du site Causeur.fr

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