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Êtes-vous prêt pour le transracialisme?


Êtes-vous prêt pour le transracialisme?
Oli London, un Britannique de 31 ans qui affirme se sentir Coréen, juin 2021 © CATERS/SIPA Numéro de reportage : 01025102_000016

Je ne suis pas folle vous savez ! Le Britannique Oli London a eu recours à dix-huit chirurgies esthétiques pour enfin avoir la « race » que la nature aurait dû lui attribuer à la naissance…


Jadis, Michael Jackson devint blanc. Il était frappé de vitiligo, une maladie au nom étrange qui dépigmente l’épiderme. D’aucuns soutiennent que sa carrière incarna la réduction au néant de la notion de race. Après qu’il trépassa, gorgé d’anesthésiants dans son manoir, l’émoi fut tel que même dans l’hexagone, ses tubes furent repassés en boucle sur les ondes au point d’en écœurer ceux qui jusqu’alors, n’avaient rien contre lui. 

« Je suis un Coréen non binaire ! »

Il y a six ans, la notion de race fit à nouveau trembler l’Amérique du Nord, pour coloniser ensuite ce côté-ci de l’Atlantique. C’est ainsi qu’une Américaine blanche aux cheveux bouclés dénommée Rachel Dolezal, tenta, elle aussi, d’accéder à la postérité. Elle eut son heure de gloire du seul fait d’avoir fait croire à tout le monde pendant des années qu’elle était noire. « Je suis transracialiste », plastronna-t-elle alors sur le plateau du Today show de NBC. Et d’ajouter qu’elle n’était « certainement pas blanche. Rien de ce que se réfère aux Blancs ne décrit ce que je suis ». 

A lire ensuite, Jean-Paul Brighelli: Je voudrais être noir!

Suivant la lanterne brandie par cette militante, pour qui la notion de race importe plus que tout au monde, certains vont désormais plus loin. En se filmant pour YouTube depuis son lit, un Britannique se faisant appeler Oli London vient de se réjouir de « se sentir beau et se sentir bien pour la première fois de sa vie ». Quel est le secret d’une telle allégresse ? « J’ai eu recours à dix-huit chirurgies esthétiques en huit ans, j’ai eu le courage d’aller jusqu’au bout de ma transition raciale et j’en suis heureux », s’est-il confié avant de nous gronder: « Je ressemble à un Coréen, je me sens Coréen, j’ai vécu en Corée, je parle la langue. Ne me qualifiez pas d’Anglais car je ne me sens pas Anglais […] Si vous ne saviez pas qui j’étais, vous penseriez juste que je suis un Coréen non binaire !» 

Piqûre de rappel pour les cancres: un être « non binaire » ne se reconnaît pas dans l’appareil génital que la vie lui a attribué. 

Être transracial ou ne pas être? 

Quand il ne chérit pas son corps pour se hisser à la hauteur d’un dieu grec (ou coréen), Oli London se trémousse dans des clips où il rend hommage à sa façon à sa Terre sainte. Mais ses chefs-d’œuvre ne sont pas du goût de tous ni de toutes. L’« influenceur » non binaire est accusé de manquer de respect aux Coréens et à leur culture. Il faut dire qu’il n’en est pas à son premier coup d’éclat. Le vendredi 18 juin, il a révélé sur son compte Twitter son « nouveau drapeau officiel pour être une personne non binaire qui s’identifie à un Coréen » (!) Et à Noël dernier, pendant que vous étiez confiné en famille – ou seul, ou encore, avec votre beau frère -, il réalisait pour sa part « Christmas in Korea », un clip horrible qui a suscité l’ire d’une certaine Anna Lee. Si elle est comme lui très active sur Youtube, cette Sud-Coréenne est, elle, utile au genre humain puisqu’elle consacre une partie de ses apparitions à démonter avec finesse les caprices de l’adolescent trentenaire. 

Néanmoins, la pluie de mots acerbes qui tombent sur la page Twitter d’Oli London n’entrave pas sa foi, loin de là. « Si vous pouvez être transexuel, vous pouvez aussi être TRANSRACIAL. Pourquoi y a-t-il un tel double standard et une telle hypocrisie avec des gens qui me critiquent d’être Coréen ? C’est la même chose que quelqu’un qui est né dans le mauvais corps et qui veut devenir homme ou femme. J’étais né dans le mauvais corps ! »

Et ce n’est que le début

Passons sur le fait que Coréen n’est pas une « race ». Si la forme est ici trop grotesque pour être prise au sérieux, ce type de prose adolescente va se répandre durant les prochaines années. À défaut de gagner le cœur des Coréens du Sud ou la bénédiction de Kim Jong-un, on peut craindre qu’Oli London suscite des vocations dans les cours de récré. 

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Vous regrettez déjà Michael Jackson? Vous avez bien raison mais rassurez-vous, vous n’avez pas fini de rire, d’autant plus qu’Oli London vient de recevoir un soutien de poids, celui de… Rachel Dolezal en personne! Soyez fin prêt, la prochaine décennie risque d’être savoureuse.



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Enseignant, auteur du roman "Grossophobie" (Éditions Ovadia, 2022).

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