Une tribune libre d’Anne Coffinier, présidente de Créer son école – Educ’France et fondatrice de la Fondation Kairos pour l’innovation éducative
Les élèves des lycées hors contrat sont – avec ceux qui sont instruits en famille – les seuls en France à passer cette année les épreuves de spécialité du bac. Pour ce faire, le Ministère de l’Éducation nationale n’hésite pas à réquisitionner certains établissements privés hors contrat comme… centres d’examen nationaux ! Mieux, le ministère demande aussi aux établissements privés hors contrat de fournir des surveillants à leur frais, et au débotté… et, dépassés par la situation, acceptent même que ce soit des parents d’élèves bénévoles d’établissements privés hors contrat qui surveillent. Jusqu’où ira-t-on dans l’absurdité ?
Tant qu’à faire, il aurait alors été plus logique de permettre à ces lycéens de composer dans leur établissement… fût-il hors contrat, plutôt qu’à les faire courir aux quatre coins de l’académie ! Quant aux examinateurs – issus de l’enseignement public ou privé sous contrat, ils semblent loin d’être tous au courant de la nature des épreuves qu’ils ont à faire passer et ce sont alors les candidats qui doivent les guider pour qu’ils leur fassent passer le bac ! Nous tenons les preuves de nos affirmations pour qui nous les demande !
Il faut dire que c’est un nouveau type de bac, qui ne s’est jamais encore tenu – dit bac Blanquer – qui est ainsi étrenné. Dans certaines académies, ils sont très peu nombreux à passer le bac. Comment vont-ils être notés alors qu’ils ne peuvent être comparés à un nombre suffisant de candidats pour étalonner correctement la notation ? À quoi rime ce bac à deux vitesses ? Les examinateurs sont en tout cas mal à l’aise devant cette mascarade. Ils ont la cruelle impression de participer à une injustice.
Soyons sérieux, si l’on veut que le bac redevienne un vrai diplôme national utile à passer et fédérateur pour notre pays, il faut que tous les élèves le passent dans les mêmes conditions et soient corrigés selon les mêmes modalités. Concrètement, si le bac comprend une composante de contrôle continu, il convient alors que tous les candidats ayant des bulletins scolaires en bonne et due forme puissent faire prendre en compte ces notes, après passage en commission d’harmonisation comme les autres candidats.
Quant aux épreuves terminales, il faudra admettre les lycéens du hors-contrat et de l’instruction en famille à partir de l’an prochain à passer les épreuves en même temps que les autres candidats, en les intégrant dans les mêmes salles d’examen que les autres, quitte à leur faire participer au coût marginal induit par leur participation aux épreuves.
Il est temps de faire simple et pragmatique et d’en finir avec les chasses aux sorcières idéologiques ! Il n’y a aucune raison sérieuse que les élèves scolarisés dans le hors-contrat soient évalués autrement que ceux du sous-contrat. Alors, place à la raison !
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