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Le Nord-Est parisien, mal aimé d’Anne Hidalgo

La trahison des quartiers populaires, une tribune libre de Jean-Christophe Martin (LR)


Le Nord-Est parisien, mal aimé d’Anne Hidalgo
Manifestation contre la ville de Paris qui désire donner le jardin d'Eole aux drogués du quartier Stalingrad. Paris, rue d'Aubervilliers, 18 mai 2021 © Erez Lichtfeld/SIPA Numéro de reportage : 01020100_000011

À la dérive, les quartiers populaires du nord-est parisien sont la face visible de ces territoires que les pouvoirs publics ont abandonnés. À une fracture sociale qui n’a pas été totalement soignée, la mairie de Paris a rajouté des fractures territoriales et esthétique. Considérant qu’elle n’avait rien de plus à gagner dans les quartiers populaires, la gauche les a trahis et préfère désormais regarder ailleurs. 


Par l’entremise de #StalinCrack ou du #saccageparis, les quartiers populaires sont récemment sortis de l’ombre où ils étaient maintenus. Rien n’était pourtant nouveau. Comme habitant du quartier Belleville puis comme élu du 11ème arrondissement, je suis confronté chaque semaine à la décrépitude de ces quartiers du nord-est parisien. En-dehors des stéréotypes visibles des petits larcins dans la pénombre, de la prostitution au coin de la rue ou des trafics dans les cages d’escaliers – qui sont bien réels – ces quartiers souffrent d’un mal beaucoup plus pernicieux : celui des logements vétustes, des rues tristes et sales, du bruit qui rend fou, de la perte de repères, de la fracture sociale, de la sensation de mise au ban de la société sans porte de sortie, et finalement de la résignation qui confine au désespoir. 

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La droite est partie il y a bien longtemps, balayée par la vague rose de 1995 après presque deux décennies de service qui n’était finalement pas si mauvais. La gauche, elle, a trahi ces quartiers dont elle a fait son fonds de commerce. Dans ce Paris faubourien puis ouvrier qui lui était favorable, elle a méthodiquement renoncé à ses promesses et déçu les espoirs qui avaient été placés en elle. Dans un cynisme glaçant, la gauche parisienne a soigneusement empilé la misère sociale sur la détresse sociale pour se construire un fief électoral inébranlable en sacrifiant cette mixité socio-culturelle qui faisait la force de la capitale. Au nom des sacro-saintes statistiques du logement social, la gauche a concentré les problèmes au sein des mêmes quartiers jusqu’à recréer des ghettos en marge de l’action municipale. En un mot – car il faut bien le dire – la gauche a créé ses ghettos de pauvres.

Des quartiers oubliés

Ces quartiers sont les grands oubliés des politiques publiques municipales. Ils vivent au quotidien l’ultime trahison : alors que les quartiers prioritaires au titre de la Politique de la Ville fleurissent, leurs habitants n’ont jamais été aussi seuls. La gauche bien-pensante n’a que faire de ces quartiers qui lui sont acquis et qui votent structurellement pour elle grâce à l’encadrement électoral fourni par quelques associations amies généreusement subventionnées par la Ville. Elle préfère concentrer son temps, son énergie et ses moyens dans d’autres quartiers qui lui sont moins favorables, tant pis pour ceux qui ont cru en elle. On ne vient même plus s’étonner que l’abstention aux élections soit bien supérieure dans ces quartiers où l’on n’y croit plus. 

Pourtant, les quartiers populaires sont avant tout des personnes et autant de personnalités. Ce sont ces petits commerçants qui se lèvent tôt, se couchent tard et travaillent dur sans rien demander à personne. C’est cette nouvelle retraitée qui confie ne désirer rien d’autre qu’une vie tranquille. C’est cette mère qui parle avec fierté de sa fille qui a réussi à faire de hautes études et qui s’assure que ses cours restent une priorité. C’est ce vieil homme qui montre avec honneur et tendresse sa carte usée de soldat de l’armée française mais qui n’a jamais eu la nationalité du pays pour lequel il a combattu. Ce sont ces jeunes qui se démènent pour s’en sortir et qui cumulent les petits boulots alors que tant ont fini par baisser les bras. Ce sont ces gens, authentiques, humbles mais fiers et généreux, qui donnent envie à l’élu d’opposition que je suis de se battre sur des fronts que la majorité a abandonnés. 

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La tarte à la crème de la justice sociale

Les quartiers populaires ont faim de justice. Ils ont faim de cette justice sociale que tant de politiciens leur ont promise en vain : ils veulent des emplois fermes pour améliorer leur condition par le travail plutôt que par l’assistanat. C’est dans ces quartiers que nous devons inciter les start-ups et les PME à s’implanter et à embaucher. Elles ne demandent qu’à le faire et n’ont besoin pour cela que de locaux – nous en avons – de volontaires pour aller vers l’emploi – il n’en manque pas – et d’une visibilité sur l’avenir que l’État peut leur garantir. Ces quartiers ont faim d’une justice pénale : celle qui protège les victimes et punit les coupables, celle ce qui sert le peuple et enferme les délinquants. A quoi bon choisir la droiture quand ceux qui bafouent la Loi ne risquent absolument rien ? Ces quartiers ont faim de justice humaine : celle où le fort tend la main au faible dans la maladie ou les difficultés de la vie. La solidarité très présente dans ces quartiers est une incommensurable force. Elle doit être encouragée et non plus instrumentalisée. Ces quartiers ont faim de justice morale : ils ne demandent qu’à retrouver confiance dans les politiques mais ils exigent des représentants irréprochables et pleinement engagés dans l’intérêt de ces quartiers. Là où trop de politiques cherchent des faire-valoir, les habitants exigent légitimement de la sincérité afin de raviver en eux la confiance dans l’action publique. 

La France ne serait pas tout à fait la France sans ses quartiers populaires. Ils nous ont donné cette émulation faubourienne qui fit le lit des révoltes et des espoirs démocratiques. Ils ont accueilli des millions d’ouvriers qui ont fait de notre pays une grande puissance industrielle. Ils ont toute leur place dans notre futur français. Ils n’attendent pas un énième plan qui ne changera rien de plus que les précédents, ils attendent d’être traités en égal. Ils le méritent. C’est aux politiques comme moi qu’il incombe le devoir d’entendre cet appel et d’y répondre avec honnêteté et franchise.



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