Accueil Édition Abonné Occident post-pandémie: les Chinois doivent bien rire de nous

Occident post-pandémie: les Chinois doivent bien rire de nous

Le nouvel ordre réglementaire


Occident post-pandémie: les Chinois doivent bien rire de nous
Image d'illustration Unsplash

Dans le monde d’après, dans nos sociétés occidentales, le débat ne porte plus sur le contenu de telle ou telle politique ni sur votre vision des choses, mais sur votre volonté à vous soumettre au nouvel ordre javellisant. Analyse.


Je ne sais pas du tout si le Covid-19 est sorti d’un laboratoire de Wuhan et s’il a pu l’être intentionnellement. Les résultats de l’enquête lancée par les Américains nous permettront peut-être d’en savoir plus à ce sujet. En revanche, il est évident que la pandémie aura largement profité à la Chine, sans doute bien plus qu’à n’importe quelle compagnie pharmaceutique et qu’à n’importe quel milliardaire à la Bill Gates, à qui certains aiment prêter un rôle dans la crise. Non seulement l’épicentre de l’économie mondiale est en train de se déplacer vers le Pacifique, mais Pékin aura même réussi à faire expérimenter aux démocraties son modèle de contrôle social. C’est un succès économique et idéologique.

Le triomphe du risque zéro

Finalement, les deux plus grandes perdantes de cette crise en Occident sont la liberté et la vitalité, lesquelles sont intimement liées. Les sociétés occidentales ont pris un virage sécuritaire : sous tous ses aspects, la sécurité devient l’horizon indépassable de notre temps. Plus que jamais aseptisées et moribondes, nos sociétés vont finir par se déconfiner de manière plus assumée, mais après le virus, il restera l’omniprésence de la crainte dans une vie publique axée sur la prévention.

Au Canada, pays à l’avant-garde du pseudo progressisme occidental, le risque zéro sera devenu une quasi-religion d’État : il faut voir tous ces pauvres êtres pétrifiés portant seuls le masque dans leur voiture pour prendre la mesure de cette angoisse morbide devenue norme sociale. Le Canada aura même réussi à inventer « l’anxiété de déconfinement », c’est-à-dire la peur du retour à la normale, aussi progressif et timide est-il. En parallèle, le mouvement « woke » impose partout sa vision racialiste (pour ne pas dire raciste), transgenriste et anti-hommes, sans doute aussi au grand plaisir du régime chinois, mort de rire devant une telle entreprise d’autodestruction. Nos petits bouddhas sociaux offrent à la Chine les restes de notre civilisation fanée sur un plateau d’argent.

Décadence clownesque: Pékin doit se réjouir

Mais l’Occident a aussi, voire surtout révélé que ses grands principes ne valaient plus grand-chose à la vue d’un virus aussi insignifiant que le Covid-19. Sans aucune retenue, l’Occident a offert à Pékin le spectacle de sa décadence. Il aura suffi d’une pandémie somme toute assez modeste à l’échelle de l’histoire pour que nous fassions la démonstration de notre incapacité à combattre un réel ennemi à l’avenir.

Leurs ancêtres ayant pourtant plusieurs fois pris les armes pour diverses causes, le courage des Occidentaux s’est évaporé devant un virus juste assez fort pour exposer leur immense vide spirituel. La peur de la mort fut paralysante : au nom de la solidarité, ils furent des millions à se terrer volontairement dans leur appartement, en attendant le vaccin salvateur. Une sorte de désertion devant l’invisible adversité.

Au Québec en particulier, société déjà submergée par la bureaucratie, l’un des héritages de cette crise est très certainement l’avènement d’un réglementairement correct qu’on voit déjà apparaître dans les médias. L’observation scrupuleuse de toutes les règles et consignes du gouvernement, qu’elles soient sanitaires ou relèvent du Code de la route. Récemment, un candidat vedette à la mairie de Montréal a dû s’expliquer dans la presse pour avoir été surpris avec son téléphone portable au volant de son automobile. Pendant ce temps, les nouveaux interdits entourant la consommation d’alcool dans les parcs font le plaisir des Baby-Boomers, qui regrettent déjà le silence du couvre-feu. Une police du plaisir est née.

L’idéal réglementaire

Le débat ne porte plus sur le contenu de votre politique, sur votre vision des choses, mais sur votre volonté à vous soumettre au nouvel ordre javellisant. Nous voilà devant une sorte de légalisme à la chinoise, un idéal disciplinaire, une société où le citoyen modèle collectionne les bonnes actions désignées par l’État. Une société où ce citoyen sans âme dénonce les délinquants refusant de se plier au nouveau calvinisme réglementaire.

Le 28 mai dernier, lors de la réouverture des terrasses au Québec, ils ont été des dizaines de larbins à se transformer en petits agents du gouvernement dans leurs restos et bars favoris. Pour certains d’entre eux, le trajet pour aller aux toilettes à l’intérieur devint une véritable mission d’espionnage. Une journaliste bien connue se lamenta même sur Twitter d’avoir dû partir après un seul verre, «dégoûtée du spectacle des employés et clients qui se câlinaient à qui mieux mieux au mépris total des consignes sanitaires». C’est tellement dégoûtant l’humanité.




Article précédent Le Graal du capitaine Nemo
Article suivant Xavier Mauduit, journaliste et agrégé d’histoire, a trouvé en Lilian Thuram un maître
Auteur et journaliste. Rédacteur en chef de Libre Média. Derniers livres parus: Un Québécois à Mexico (L'Harmattan, 2021) et La Face cachée du multiculturalisme (Éd. du Cerf, 2018).

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération