Une base de données développée par une équipe de chercheurs du CNRS permet de découvrir si vos ancêtres ont possédé des esclaves. La porte à la question des réparations est grande ouverte.
Une équipe de chercheurs du CNRS vient de mettre en ligne une base de données répertoriant sous forme de fiches les propriétaires d’esclaves ayant reçu des indemnités financières en 1825, pour Haïti, et en 1849, pour le reste de l’empire colonial. Nous sommes tous, tant particuliers qu’institutions, invités à aller vérifier l’éventuel passé esclavagiste de nos aïeux et à en tirer les conclusions qui s’imposent.
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La création de ce moteur de recherche fait partie du projet « REPAIRS » dont le nom, anglais, évoque à la fois l’action de réparer quelque chose et de payer des réparations. En effet, le projet a pour objectif « la réactualisation et la globalisation de la question des réparations ». Autrement dit, il s’agit de mettre la recherche historique au service de l’action politique. Si l’État a autrefois indemnisé les propriétaires d’esclaves, ne peut-il pas aujourd’hui indemniser les descendants des esclaves eux-mêmes. Et les descendants de ceux qui ont reçu des indemnités, notamment les entreprises qui en ont bénéficié, ne devraient-ils pas mettre la main à la poche ? Depuis la loi Taubira, l’esclavage (transatlantique) est un crime contre l’humanité et donc imprescriptible. Selon la chercheuse, Magali Bessone, auteur de Faire justice de l’irréparable (2019), si on ne peut guère réparer les souffrances du passé, on doit s’attaquer à celles du présent, par des réparations aux multiples formes, financières certes, mais également excuses publiques, soutiens à des activités culturelles ou – ça tombe bien – à des projets de recherche. Pourtant, l’étude des sources révèle la diversité, fâcheuse dans ce cas, des profils de propriétaires d’esclaves. On recense en effet entre 30 et 40 % de femmes parmi les indemnisés, et au moins autant de Noirs et de métisses ! L’image du dominant dans la société coloniale en prend un coup sévère.
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