Marianne Faithfull a eu plusieurs vies et plusieurs morts. Romantique et romanesque en diable, la chanteuse semble même dépassée par sa légende. Preuve que ce phénix rayonne toujours : She Walks in Beauty, son nouvel album.
Recevoir un coup de fil de Marianne Faithfull, c’est irréel. C’est tout un pan de l’histoire du XXe siècle, de la Mitteleuropa jusqu’au Swinging London, qui surgit de l’autre côté du téléphone. En effet, sa mère, aristocrate autrichienne, était parente avec Sacher-Masoch, l’auteur de La Vénus à la fourrure. Quant à Marianne, elle fut l’icône que l’on sait : la petite amie de Mick Jagger bien sûr, mais aussi ce phénix qui n’en finit jamais de renaître de ses cendres. Elle a survécu à de multiples overdoses, au cancer et récemment au Covid.
Les Français m’ont toujours plus respectée que les Anglais!
« Je suis très fatiguée, j’ai du mal à respirer et des pertes de mémoire », me confie-t-elle. Sa célèbre voix rauque est devenue presque un murmure, et j’aurai parfois du mal à distinguer ses propos. « J’étais dans le noir, cela ressemblait à la mort. » Je lui rétorque que nous avons maintenant la preuve qu’elle est immortelle. « Mais non, je ne le suis pas », dit-elle. À regret. La preuve qu’elle est vivante, c’est son dernier album : She Walks in Beauty, qui est sorti le 30 avril, se compose de poèmes d’auteurs romantiques anglais, de Shelley à Byron en passant par Keats. Le tout mis en musique par Warren Ellis, qui jouait dans les Bad Seeds avec Nick Cave. Ont également participé à l’album le cultissime
