Une tribune libre de Jean-Frédéric Poisson, candidat à la présidentielle
Alors qu’une première tribune de militaires, signée principalement par des généraux en deuxième section avait fait office de pavé dans la mare en évoquant l’insécurité grandissante du pays, une seconde tribune vient de paraître, émanant cette fois exclusivement de militaires d’active. Que leur est-il reproché ? Tout simplement d’avoir constaté un délitement de la France, délitement provoqué, selon eux, par une violence quotidienne qui touche des Français partout sur le territoire national. Ce constat est d’ailleurs largement partagé par une grande majorité de nos compatriotes comme le prouve un sondage d’Harris Interactive réalisé pour LCI [1]. Ces militaires en appellent donc aux responsables politiques pour qu’ils prennent enfin des mesures courageuses et mettent fin à cet état de fait insupportable. Enfin, ils avertissent du risque de guerre civile qui s’ensuivrait si aucune décision énergique n’était appliquée, et qui provoquerait infailliblement et selon les dispositions prévues par la Constitution, une intervention des forces armées pour rétablir la paix civile. Il faut noter qu’une lettre ouverte à Emmanuel Macron a également été publiée par le syndicat France Police – Policiers en colère, appelant à une réaction déterminée pour agir efficacement contre la criminalité [2].
Si certains pourraient déplorer une rhétorique parfois imprudente, il faut pourtant admettre la justesse du constat dressé et vécu au quotidien par de plus en plus de Français : un état d’insécurité grandissant et inquiétant, fractionnant le territoire dans une mesure rarement éprouvée dans le pays. Par ailleurs, beaucoup blâment ces militaires d’avoir contrevenu à leur devoir de réserve. Il faut pourtant rappeler qu’aucune définition précise n’existe de ce fameux « devoir de réserve ». Il n’existe qu’une tradition expliquant que ces corps doivent entretenir un devoir de loyauté et de neutralité à l’égard de l’État. Or, on ne trouve dans aucune de ces tribunes, une volonté officielle de ces fonctionnaires de se détourner de leur mission ou de s’attacher à une formation politique particulière qui les éloignerait de leur neutralité. Il faut donc admettre que si ces militaires n’ont pas dérogé à leur devoir, si le constat qu’ils dressent est juste et partagé par une majorité de Français, la cause de l’émotion provoquée par leur prise de position est à chercher autre part. En effet, pourquoi attaque-t-on des messagers qui ne sont coupables que d’affirmer la vérité ? Tout simplement parce que le message dérange : il met en lumière l’incapacité flagrante de ce gouvernement à protéger ses citoyens, et jusqu’à ses propres forces de l’ordre. Plutôt que d’attaquer ceux qui tirent au mortier contre les commissariats, au contraire, les membres du gouvernement préfèrent attaquer ceux qui prennent la plume et les mettent au pilori en les affublant de qualificatifs indignes et diabolisants : « putschistes, fascistes, violents, factieux, séditieux » et j’en passe. Quand on ne les traite pas de lâches comme l’a fait Gérald Darmanin sur RMC, déplorant que les militaires d’active de la deuxième tribune n’aient pas révélé leur nom : les mêmes qui invoquent le devoir de réserve lorsque les militaires prennent position à visage découvert, les insultent lorsque ces derniers restent anonymes [3].
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Au-delà de cette théâtralisation mettant en scène un affrontement manichéen entre un gouvernement agent de pacification de la société française, et une supposée menace émanant de policiers et de militaires d’active, nous devons soutenir ceux qui prennent de véritables risques pour alerter l’opinion publique. VIA | La Voie du Peuple manifeste donc son soutien à ces citoyens courageux qui n’ont d’ailleurs fait que poser un constat que nous déplorons, nous-même, depuis longtemps déjà et qui s’est amplifié avec le temps. À nous autres, politiques, de trouver ensuite des solutions viables et de les appliquer fermement pour que cette guerre civile n’ait pas lieu.
[1] « Réactions des Français à la tribune des militaires dans Valeurs Actuelles », Harris Interactive, 29/04/2021
[2] « Deux policiers tués en service en l’espace de 12 jours : le syndicat France Police – Policiers en colère adresse une lettre ouverte au président Macron », france-police.org, 06/05/2021
[3] « Gérald Darmanin face à Jean-Jacques Bourdin en direct », RMC, 10/05/2021
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