Les tentatives d’union de la droite – ou plutôt des droites – ne manquent pas. Après « Oz’ ta droite » de Robert Ménard en 2016, la Convention de la droite en 2019, les droites sauront-elles s’unir en en 2022? Après tout, LR et LREM parviennent bien à s’entendre de leur côté. Une analyse de notre contributeur Pierre Cretin.
Une alliance entre la droite de LR et le RN serait irrésistible
Soyons clairs, pour que les choses changent vraiment, il va falloir s’attaquer aux problèmes de sécurité, d’autorité, de justice, d’identité, de séparatisme et d’immigration qui minent la France. Ce besoin de retour d’un régalien fort, c’est ce qui caractérise la droite.
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Dans le paysage politique, il n’est guère que deux partis importants qui peuvent prétendre représenter ce projet de retour en force du régalien, et fédérer cette majorité de citoyens qui souhaitent cette reprise en main par la France de son destin.
Vers un nouvel échec?
On sait bien que le Rassemblement national porte ces idées, mais qu’il souffre encore (un peu) d’une image de droite extrême, soigneusement entretenue par ses opposants. De plus, il n’a pas d’expérience de gouvernement, et Marine Le Pen n’a pas réussi à imposer une image totalement crédible. Les Républicains, dont toute une composante est pour une droite forte, bénéficie d’une crédibilité rassurante en termes de gouvernance, mais souffre justement de n’avoir pas su affronter ces problèmes aujourd’hui urgents lorsqu’il était au pouvoir. Seule une union de ces deux forces peut ouvrir la voie à un gouvernement de droite, chacun apportant au projet ses points de force et de crédibilité, dans une dynamique qui pourrait être irrésistible. Dans le cas contraire l’échec est certain.
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En effet, même si Marine Le Pen accédait à la magistrature suprême, ce qui est possible, elle se trouverait immédiatement face à une impasse. Il lui faudrait une majorité à l’Assemblée nationale et, sans une union préalable avec les Républicains dans le cadre d’un projet commun, il est certain que cette Chambre sera « introuvable ». Notre système électoral n’ayant pas été réformé d’ici là pour installer la proportionnelle (on comprend bien pourquoi), l’Assemblée n’aura pas de majorité. Ce qui rendra nécessaires des alliances pour créer une majorité de gouvernement qui, quelle qu’elle soit, ne pourra jamais mettre en œuvre une politique de véritable changement.
L’union fait la force
À un an de la présidentielle, il faut donc que la droite soit consciente que, sans une union et un projet commun, il n’y a aucune chance pour qu’elle puisse mettre en œuvre ce retour en force sur le régalien tellement souhaité. Marine Le Pen élue ne pourrait pas gouverner, et nous aurions une cohabitation stérile entre une présidente impuissante et un gouvernement divisé.
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Évidemment une telle union, basée sur une plateforme commune, entraînerait des cris d’orfraie et des démissions théâtrales dans ces deux partis, mais cela importe peu. Il faut simplement que la droite décide si elle veut vraiment changer les choses. Cette union doit-elle être portée par Marine Le Pen ? Doit-elle au contraire être menée par un leader crédible de LR ? Par une personnalité tierce et fédératrice ? Faut-il faire du premier tour une primaire dont le vainqueur deviendrait ipso facto le leader commun au second tour (ce qui n’est pas sans risque), c’est une réflexion à mener. Mais ce qui est sûr, c’est que croire qu’il est possible de se passer de cette union, urgente, des vraies droites, c’est partir la fleur au fusil vers une défaite garantie.