Pour tenter de fuir le régime chinois, les Hongkongais déposent environ 3000 demandes hebdomadaires de visas auprès du gouvernement britannique.
35 000 Hongkongais ont déjà rejoint le Royaume-Uni. Ce sont des BNO (British national overseas, « nationaux
d’outre-mer »), un statut créé par l’accord sino-britannique de 1984 préparant la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997. L’accord instaurait aussi le principe « un pays, deux systèmes », garantissant à Hong Kong son autonomie politique et juridique jusqu’en 2047.
Mais l’atmosphère change sous la présidence chinoise de Xi Jinping. En 2014, la révolution des parapluies à Hong Kong ne parvient pas à freiner l’impérialisme chinois et, depuis, la situation s’envenime. Les manifestations de 2019 ont déclenché une préoccupante reprise en main. Le mois dernier, 42 militants prodémocratie écopaient de peines de prison de huit à dix-huit mois. La réforme électorale « patriotique » votée le 11 mars à l’Assemblée populaire de Pékin (2 895 voix pour, 0 voix contre) interdisait déjà tout avenir politique aux dissidents de Hong Kong où la répression sévit depuis l’adoption de la loi de sécurité nationale du 30 juin 2020.
À mesure que l’avenir de Hong Kong se précise, l’exode progresse, le Royaume-Uni ayant ouvert ses frontières aux 5,4 millions de Hongkongais BNO (70 % de la population totale). Pour 300 euros, ils obtiennent un visa de cinq ans à l’issue duquel ils peuvent demander la nationalité. Le gouvernement britannique reçoit 3 000 demandes hebdomadaires et s’attend à accueillir 500 000 Hongkongais en 2021 et jusqu’à un million en cinq ans. Une émigration industrieuse qui devrait booster l’économie, comme ce fut le cas avec les 600 000 Polonais venus s’installer après l’adhésion de leur pays à l’UE. Pour stopper l’hémorragie, les Chinois menacent de geler les retraites des fuyards. En Angleterre, les Cassandre craignent que quelque espion à la solde de Xi Jinping se glisse parmi les migrants.
Les Hongkongais expriment leur reconnaissance dans la presse britannique. Attendons cet été, lorsque les plus audacieux goûteront les délices d’une mer à 15 degrés en songeant à la mer de Chine.