Le 23 avril, un agent administratif de la police nationale, en civil et non armée, Stéphanie M., a été égorgée dans le sas du commissariat de Rambouillet par un terroriste tunisien. Il a été abattu après son acte, avant qu’il puisse continuer à commettre le pire au sein des locaux.
Stéphanie était âgée de 49 ans. Elle avait deux enfants. Le terroriste – Jamel G. – avait 36 ans. Entré clandestinement en France, sa situation est régularisée en 2019 et en 2021 il plante un couteau dans la gorge de Stéphanie et l’atteint également à l’abdomen. Son évolution inquiétante aurait pu être constatée par exemple sur Facebook. Je ne supporte plus les propos, aussi bien présidentiels – nous ne céderons pas au terrorisme… – que du Premier ministre – c’est un acte barbare… – pas davantage que les visites ministérielles, une fois les odieux forfaits accomplis. On ne peut plus se contenter d’opposer, toujours trop tard, des mots à la violence meurtrière de l’islamisme, redoutablement efficace parce que « low cost ». Le tueur en l’occurrence se moquait bien de savoir quel était le statut officiel de Stéphanie mais ciblait une personnalité, quelle qu’elle soit, dans l’univers professionnel du commissariat.
Une impuissance du pouvoir ?
Certes je ne méconnais pas le fait que depuis deux ans, trente attentats ont été déjoués. Mais je n’oublie pas que ce Tunisien aurait dû être expulsé après son entrée clandestine en 2009, dès sa présence constatée sur notre sol. Le « laxisme migratoire est en effet une bombe ». Bruno Retailleau a raison et on est obligé d’admettre que les rodomontades, sous toutes latitudes politiques, ont donné l’illusion de l’action.
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Il n’empêche que le macronisme, que je continue à trouver faible sur le plan régalien à cause de l’absurdité opératoire du « en même temps », à l’évidence n’est pas performant pour lutter contre la délinquance et la criminalité ordinaires. Et pas davantage contre le terrorisme qui ponctuellement frappe où il veut quand il veut et n’appelle de la part du politique, l’assassinat perpétré, qu’une commisération qui ne rassure pas la communauté nationale. La police est pourtant son bras armé et démocratique fondamental. La bonne volonté de ce gouvernement est évidente, il fait ce qu’il peut mais il peut très peu quand on sort de l’autosatisfaction encore récente d’Emmanuel Macron.
Cesser de fragiliser les forces de l’ordre
Ma première conclusion sera qu’il faut cesser d’attaquer sans répit la police pour la fragiliser. La honte de devoir se demander comment la protéger… Alors que son rôle la plupart du temps exemplaire – n’en déplaise à Mediapart qui insidieusement l’attaque après le crime de Rambouillet – est de nous protéger, nous les citoyens, contre les voyous et tueurs de toutes sortes.
Ma deuxième conclusion est que le pouvoir devra passer plus de temps à s’acharner à l’insécurité, les délits et les crimes plutôt qu’à pourfendre les propositions souvent pertinentes de ses adversaires politiques. Pourquoi ne pas réunir, sur ces sujets capitaux, puisqu’à l’évidence le gouvernement ne détient pas la solution, l’ensemble de la classe politique dans une sorte d’union nationale que ces tragédies trop répétées justifieraient ? Pourquoi ne pas s’entourer d’experts et de professionnels d’autres pays ayant mis en oeuvre ce que la France ne sait pas mener à bien, ne parvient pas à éradiquer ? Je songe notamment aux conseils israéliens.
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Ma dernière conclusion portera sur notre démocratie. J’ai écrit ici ou là qu’elle était allée au bout, sur le plan législatif, de ce qu’elle pouvait se permettre sans se renier elle-même. Et si je m’étais trompé, s’il n’y avait pas encore des moyens pour renforcer notre défense, amplifier nos outils, multiplier nos armes ? Notre République ne pourrait-elle pas, dans sa volonté de lutter contre le terrorisme qui n’a pour finalité que de nous détruire, nous, notre société, notre civilisation, inventer des dispositifs encore plus contraignants, pour favoriser notamment l’action des forces de l’ordre ? En réglant une fois pour toutes l’absurde arbitrage entre liberté et sécurité comme si dans l’urgence il avait du sens.
Mais, de grâce, moins de mots, moins de ces propos tout faits qui révèlent plus une interrogation angoissée qu’une détermination sans faille. Si on ne met pas TOUS les moyens au service de cet objectif légitime, consensuel et profondément démocratique, demain sera le même jour.
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