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L’honneur perdu de la Mère Helvétie


Le quotidien suisse Le Temps, sous la plume de l’excellent Emmanuel Garessus qui ne démérite pas si on le compare à Pierre-Antoine Delhommais du Point (je n’arrive toujours pas à comprendre par quelle aberration Le Monde  a pu se passer de ses services) ou au brillant économiste de Causeur, George Kaplan, revient avec raison sur un livre de Marie-Hélène Miauton: Banques suisses, les raisons de lutter (Ed. Slatkine ).

Le titre de l’article :  » La révolte contre le lâchage de la place financière par les autorités  » donne le ton. Sous le couvert de la morale (que de sottises ne commet-on pas sous le couvert de la morale) le gouvernement helvétique veut que la place financière suisse soit plus transparente que toutes les autres et que les fonds étrangers rejoignent leur enfer fiscal initial. La morale ne sera pas sauve puisque tout continuera à se passer sous d’autres cieux, là où nos détracteurs sont les plus nombreux, note Marie-Hélène Miauton, avant d’ajouter que les Suisses n’auront jamais la paix tant qu’ils se montreront arrangeants. Pour l’instant, leur empressement servile et leur automutilation économique en font les dindons de la farce. C’est l’honneur perdu de la mère Helvétie, comme l’exprime cruellement la Neue Zürcher Zeitung.

Sous couvert d’une solidarité qui n’est qu’une forme d’escroquerie et avec la bénédiction de l’Union Européenne chaque pays tente de plumer son voisin. Non au chantage, qu’il soit à l’austérité ou à la générosité. Le temps est venu de cesser de faire un complexe de pays solitaire, car tous le sont en réalité. Des paroles bienvenues dans une Suisse qui renonce insidieusement à sa souveraineté et cède sur ce qui faisait sa fierté et sa prospérité : sa place financière. La concurrence fiscale n’est pas une maladie honteuse et le secret bancaire un cancer qui gangrène l’Europe.



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