Comme tous les ans, j’ai retrouvé en rentrant de vacances un courrier tricolore me sommant de payer, dans des délais qui expirent bientôt et sous peine de majoration, ma taxe foncière. Comme tous les ans, son montant avait augmenté plus vite que les tarifs pratiqués sur la Côte d’Azur par ces voleurs patentés que l’on appelle commerçants pour touristes.
Je sais bien qu’il faut s’acquitter des impôts locaux qui assurent les dépenses des communes et du département pour financer les routes truffées de radars qui luttent contre la violence routière en tapant les délinquants au portefeuille.
Je sais bien qu’il faut construire et entretenir des lycées et des collèges où les profs se font tabasser, où les flics n’entrent pas pour arrêter la racaille scolarisée qui cogne sur le corps enseignant, et des tribunaux où des juges relâchent, après leur avoir fait les gros yeux, ces jeunes incivils et désorientés. [access capability= »lire_inedits »]
Je sais bien que la dépense sociale du département est pesante, et qu’il faut remplir le tonneau percé du RSA pour subvenir aux besoins, entre autres, d’une population sans repères qui nous cambriole quand nous sommes à la plage parce que, sans ces subsides, elle nous cambriolerait toute l’année.
C’est donc satisfait du devoir citoyen à accomplir que j’ai saisi mon chéquier et mon stylo pour m’acquitter d’une dette sans fond ni fin et participer à cette contribution sociale mais pas tout à fait généralisée qui vise à transférer de l’argent de ceux qui se retroussent les manches vers ceux qui tendent la main.
Et puis, au moment d’inscrire la somme qui aurait pu faire vivre dans leur pays d’origine 100 petits Français en devenir, mais qui payera des Nike à 10 ici, les mots de Jérôme Guedj, député de l’Essonne, qui a accordé un entretien à Causeur en septembre, me sont revenus en mémoire. L’élu socialiste avait commencé une phrase par : « En tant qu’élu et militant politique… » Un souvenir en amenant un autre, j’ai revu cette affiche de l’association RESF (Réseau éducation sans frontières) sur les panneaux du Conseil général de l’Essonne. On y voyait un jeune clandestin et on pouvait y lire : « Donnons-lui une chance d’étudier » − et sans doute ainsi de retrouver le droit chemin après avoir pris la route pour venir en France en violation de la loi.
J’ai revu aussi celle qui tapissait les abribus et les quais de gares, où l’on voyait un jeune issu d’une minorité visible, victime de discrimination raciale, qui ne parvenait pas à trouver un appartement, et dont l’objectif était d’indigner l’usager du bus ou du train sur le sort du sans-logement et sur le racisme en général.
J’ai revu enfin celle, toujours estampillée « collectivité territoriale », qui représentait un couple de lesbiennes interpellant le passant contribuable en ces termes : « Machine et machine ne peuvent pas adopter, vous trouvez ça normal ? » (Qu’on me pardonne, je retiens rarement les prénoms des filles que je ne peux pas envisager sexuellement).
Que l’on se comprenne bien : je me fiche pas mal que les lesbiennes puissent ou ne puissent pas adopter un enfant, même si je comprends mal qu’animées d’un désir apparemment si ardent, ces femelles ne sachent en faire et ne puissent souffrir une seule pénétration mâle suivie d’une unique éjaculation, ce qui, paraît-il, ne dure parfois que quelques secondes. Je me moque que de bons samaritains veuillent secourir des sans-papiers ou que des officines antiracistes invitent les bailleurs ou les agences immobilières, par affichage départemental, à ouvrir les portes de leurs logements vides à la diversité.
Ça ne me dérange même pas que tous ces braves gens tentent de me venir en aide dans mon combat contre les démons du racisme ou de l’homophobie quand je ne m’en sors pas tout seul.
Mais j’ai un problème, je suis près de mes sous. Des filles plus dépensières les unes que les autres ont bien entrepris de me rééduquer mais, contre toutes leurs attentes, je reste définitivement radin. Je triche tant que je peux avec les impôts mais, quand je ne peux plus, je paye. Alors quand je vois mon pognon étalé sur les murs de ma ville parce que des associations antiracistes et homophiles ont fait appel au militantisme politique de mon élu, ça m’agace.
Je crie alors aux voleurs subventionnés, aux associations de malfaiteurs dans le camp du Bien, aux politicards qui, non seulement jouent aux Robins des bois en volant les travailleurs pour donner aux bons à rien, mais qui jettent en plus mon argent par les fenêtres ouvertes de la France moisie. Dans ces moments-là, je sens des oursins me pousser dans les poches, je range mon chéquier et je rebouche mon stylo. Jusqu’à la première relance ou la dernière mise en demeure.[/access]
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !