Lors d’une visite d’Emmanuel Macron à Montpellier, une habitante nommée Naïma Amadou a indiqué au président de la République que son fils se demandait si le prénom « Pierre » existait vraiment…
La scène se passe à Montpellier. Le président y est en campagne mais en ville, ou plutôt en banlieue, en province, dans un quartier sensible et prioritaire, c’est-à-dire sous perfusion de l’état social sans les contraintes de l’État de droit et sous surveillance anxieuse du préfet qui tolère la jungle de la culture urbaine parce qu’il ne veut pas de vagues, un de ces préfets qui prévient ses maires : « Pas de police pendant le ramadan, ce serait une provocation ! » Le chef de l’État est debout et ça change. On avait plutôt pris l’habitude de le voir assis à son bureau de l’Élysée, annonçant des confinements comme Churchill des bombardements, dans un langage guerrier mais avec une solennité feinte, mal jouée, embarrassante.
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Profond désarroi
Il est revenu au contact de la population, mais comme un écolier d’avant, il écoute et ne répond pas. A-t-il retenu les dernières leçons de l’antiracisme woke qui conseille aux Blancs de se taire ? Où est passé ce sens de la répartie avec lequel il mouchait au début du quinquennat, les jeunes sans travail, les ouvriers sans usines, les agriculteurs sans revenus, les hospitaliers sans lits, les contaminés sans frontières. Là, il reste coi, comme devant les enseignants sans protection, les racailles sans répression, les criminels sans prison, les djihadistes sans expulsions, les déséquilibrés sans religion et les mosquées avec subventions.
La sécurité au cœur de la visite d’Emmanuel Macron à Montpellier pic.twitter.com/5KqymDPAAb
— BFMTV (@BFMTV) April 19, 2021
Il écoute avec attention une femme voilée qui lui fait part de son désarroi. Son fils lui a demandé si dans la vie, il y avait des gens qui s’appelaient « Pierre » comme dans les contes. Des loups, le petit en avait vu à la télé mais point de « Pierre ». Le gosse était sans doute trop jeune pour avoir connu l’époque où quand un Mohamed attaquait une vieille dame pour son sac ou une jeune pour sa vertu, la presse le rebaptisait Pierre, Paul ou Jacques. Le petit ne savait peut-être même pas que le mot pierre était aussi l’autre nom du caillou que l’on jette sur les flics quand la fièvre du samedi soir monte dans les quartiers en mode intifada.
Douce France
« De la mixité monsieur le président ! » demandait la « maman » comme on dit maintenant sur les médias gnangnan, regrettant que tant de Français rechignent à jeter dans la bataille pour le vivre ensemble, leurs enfants. Des « Pierre », et aussi des « Mathieu », comme ce copain d’enfance que le chanteur et écrivain Magyd Cherfi évoque dans son livre Ma part de gaulois et qu’il invita une fois dans sa cité toulousaine mais pas deux parce que le petit « souchien », le gaulois, le boloss, le babtou s’était fait casser la gueule par des gamins qui ne le connaissaient pas mais qui l’avaient reconnu coupable de délit de faciès. « Je mets mes enfants à St Jean de machin truc pour qu’ils connaissent l’école républicaine de la diversité française que j’ai connues, est-ce normal Monsieur le président ? » ajouta la mère voilée et inquiète que ses enfants vivent à Montpellier comme à Alger. Personne n’a entendu la réponse mais dans toute la France, ce pays où comme l’annonçait le candidat Macron en 2017, « il n’y a pas de culture française mais des cultures en France », des millions de Français auraient pu lui souffler la réponse : « Mais Madame, ne voyez-vous pas ce que vous montrez, ne voyez-vous pas que ce qui a changé en France, ce cher pays de votre enfance, c’est vous ? Ce qui a fait fuir les petits blonds et tous les autres, tous ceux qui n’ont pas été convaincus que l’islam, c’est la paix, tous ceux dont les musulmans des cités ont décidé qu’ils n’étaient pas compatibles avec l’islam, sauf à être des proies faciles, c’est vous et votre voile qui n’est que la partie visible de l’iceberg vers lequel le paquebot France se dirige lentement et inexorablement, avec l’assurance qu’il est insubmersible. »
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Des millions de Français auraient même pu suggérer au président de réunir une convention citoyenne pour débattre de la question et pour avancer des propositions. Ils lui auraient sans doute demandé, si on leur avait donné la parole sur ce sujet, d’organiser un référendum pour prendre des décisions mais alors le préfet aurait sûrement conseillé au président d’oublier cette idée populiste, une de ces idées qui « attisent la haine et qui divisent les Français » dans une de ces formules qu’on leur connait : « Pas de vague Monsieur le président, ce serait une provocation ! »
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