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La mauvaise blague d’Audrey Pulvar

Elle soutient les réunions sans Blancs. Ou alors qui se taisent!



Audrey Pulvar, candidate du parti socialiste aux régionales en Ile-de-France soutient l’interdiction pour les Blancs d’accéder à certaines réunions politiques. Appelons un chat un chat: au nom d’un prétendu vivre-ensemble, c’est le grand retour de la ségrégation raciale. L’analyse de Céline Pina.


Pour Audrey Pulvar, la position de l’UNEF est parfaitement sensée : la couleur de peau détermine ce que l’on est, donc un Blanc ne saurait subir le racisme, il ne peut que l’exercer et seuls les Noirs ou les arabo-musulmans peuvent en être victimes. Un Blanc ne saurait donc être autre chose qu’un raciste (qui s’ignore ou pas) et un auteur de discriminations, voilà pourquoi il n’a pas sa place dans une réunion de victimes, lesquelles se reconnaissent aussi à leur couleur de peau. Néanmoins, Madame Pulvar est charitable, si le Blanc venait quand-même, on l’autoriserait à rester, mais à condition qu’il reste silencieux. Elle ne précise pas s’il doit rester les yeux baissés et les mains jointes dans la posture du pénitent, mais elle en a suffisamment dit pour se déconsidérer aux yeux, non de la droite et de l’extrême-droite, comme elle aimerait le faire croire, mais aux yeux de tous les humanistes et de tous les universalistes. 

Le PS représenté par Audrey Pulvar a rompu avec la notion d’égale dignité des hommes

Car le discours que tient la candidate du PS est raciste, au sens premier du terme. C’est un discours essentialiste qui fait de la couleur de peau un marqueur moral et qui ne peut que mener à une idéologie de la pureté du sang où le métissage est le tabou suprême.

Un levier électoral?

Alors est-ce à dire qu’Audrey Pulvar est raciste ? Ce n’est pourtant pas le cas. Voilà pourquoi ce qu’elle fait est pire : elle ne promeut pas le racisme parce qu’il correspond à sa vision du monde, elle le fait par démagogie, par pur électoralisme, pour servir les intérêts de son camp. Elle choisit de promouvoir le racisme parce qu’en région parisienne, les élus de gauche pensent que les banlieues sont aux mains des islamistes et de leurs alliés indigénistes et décoloniaux, ces néo-racistes qui se disent racialistes et qui cultivent la haine du Blanc comme un vecteur de mobilisation. Il est vrai que dans les quartiers dits pudiquement difficiles, l’alliance de la haine raciale et de la haine religieuse avec le communautarisme constitue un levier électoral mobilisateur. Ce n’est donc pas parce qu’elle est raciste qu’Audrey Pulvar soutient une démarche qui, elle, l’est, mais parce qu’elle considère que la démarche est électoralement payante et lui permettra de drainer le vote d’une partie des banlieues. Du coup, tous les moyens sont bons pour servir ses intérêts partisans et tant pis si pour cela il faut valider des démarches ségrégationnistes. 

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Pour plaire à ses nouvelles cibles électorales, cette gauche reprend d’ailleurs le concept de racisme d’État, elle le rebaptise « racisme de pouvoir » pour échapper à la cruelle réalité : il n’y a pas de racisme d’État là où l’égalité en droit et en dignité entre les hommes est le socle des liens politiques et juridiques. Le racisme d’État a existé en occident, les États-Unis et l’Afrique du Sud l’ont mis en œuvre en leur temps, le nazisme en avait fait la base de son organisation sociale et politique. Comment celui-ci se traduit-il ? Par des phénomènes d’exclusion et de violence. Et cela commence avec des réunions interdites à ceux qui n’ont pas la bonne couleur de peau, la bonne ethnie, avec l’interdiction de la rencontre, du travail en commun, puis du lien amical ou de l’alliance amoureuse… L’autre n’est plus l’inconnu, mais l’interdit, et l’ouverture à l’altérité devient trahison de sa « race ». C’est ainsi qu’une personne, considérée comme noire, qui refuse d’entrer dans le jeu des racialistes va subir des rappels à l’ordre incessant. C’est ce qui arrive aujourd’hui à Rachel Kahn, l’auteur de Racée, qui se fait traiter de « nègre de maison » parce qu’elle défend l’universalisme et le vrai antiracisme. 

Un gauche sinistre, un parti socialiste zombie

Vous souvenez-vous de cette « blague » très acide, qui commence avec « c’est l’histoire d’un restaurant interdit aux juifs et aux coiffeurs » et est censée se finir quand un des interlocuteurs répond « mais pourquoi les coiffeurs ? », montrant ainsi, non l’acceptation de l’antisémitisme, mais le fait que le racisme comme motif d’exclusion a été tellement pratiqué qu’il n’étonne plus, même s’il indigne toujours les véritables humanistes ? Il est ainsi déjà sinistre de voir une gauche aux abois soutenir des réunions « interdites aux Blancs », mais encore plus déprimant quand on constate que ce choix ne fait que mettre en exergue l’absence totale de vision d’avenir et de proposition d’un PS zombifié. Nombre d’intellectuels ont déjà fait remarquer que l’extrême-droite n’oserait pas soutenir l’organisation de réunions interdites aux Noirs par exemple, tant cela apparaitrait comme indigne. Que ce soit une tête de liste PS qui se fasse le défenseur de réunions où l’on trie les participants en fonction de leur couleur de peau est tout aussi indigne et impardonnable et abolit la ligne rouge qui distingue les républicains de ceux dont les idéologies ont donné naissance aux pires totalitarismes. Le PS représenté par Audrey Pulvar a rompu avec la notion d’égale dignité des hommes, il ne peut plus être considéré comme républicain.

Les journalistes Audrey Pulvar et Patrick Cohen, en 2010 © MEIGNEUX/SIPA Numéro de reportage: 00602867_000008
Les journalistes Audrey Pulvar et Patrick Cohen, en 2010 © MEIGNEUX/SIPA Numéro de reportage: 00602867_000008

Encore moins comme humaniste, car ce choix du racisme derrière l’imposture du terme « racialisme » équivaut à la pire des malédictions pour celui qui incarne pourtant l’infinie capacité des hommes à s’unir malgré leurs différences : le métis. À qui appartient-il ? À partir de quelle couleur sur le nuancier Pantone passe-t-on d’oppresseur à victime ? Quand on est métis dans les réunions que défend Audrey Pulvar, a-t-on le droit de parler ? Le temps de parole est-il défini au pourcentage d’ancêtres noirs ? Autant de questions que se sont posées les pires ségrégationnistes et qui ont abouti à la théorie de la goutte de sang noire. On le voit, la guerre des races est sans issue, elle n’investit que sur la haine et la différence. Elle est fondée sur une logique de vengeance et d’instrumentalisation de l’histoire et abolit toute liberté individuelle. 

Aversions d’avenir

Ce n’est même pas par aveuglement idéologique que Madame Pulvar et le PS servent une si mauvaise cause. Il n’y a dans ce choix que basse besogne politicienne, calcul à courte vue et absence de toute perspective d’avenir à proposer aux citoyens. 

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Alors faute d’être capable de susciter la mobilisation en défrichant un chemin, la candidate espère se sauver en exploitant le ressentiment et la division, n’hésitant pas au passage à sacrifier l’universalisme et l’humanisme. « Paris vaut bien une messe » avait dit en son temps Henri IV. L’intérêt général du royaume exigeait que le Roi en rabattit sur ses exigences, il le fit. Là l’intérêt général exige que l’on cesse de promouvoir le racisme et la haine civile, la candidate du PS en étant incapable de le comprendre montre qu’elle est la énième femme politique qui ne sera jamais une femme d’État. Sa seule consolation est notre grand malheur : à savoir qu’elle n’est pas la seule.

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Ancienne conseillère régionale PS d'Île de France et cofondatrice, avec Fatiha Boudjahlat, du mouvement citoyen Viv(r)e la République, Céline Pina est essayiste et chroniqueuse. Dernier essai: "Ces biens essentiels" (Bouquins, 2021)

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