Après avoir contribué à l’élection de Barack Obama et après son interview scandaleuse du Prince Harry et de sa femme Meghan, les spéculations sur les nouvelles ambitions de la star de la télévision américaine Oprah Winfrey vont bon train.
Elle a été sacrée « Reine des médias » au siècle dernier. Elle a dominé les classements des femmes les plus puissantes établis par les publications périodiques les plus prestigieuses de l’Amérique comme Time, USA Today ou Forbes. Elle est devenue l’Afro-américaine la plus riche du 20me siècle, et l’une des femmes « self-made » les plus riches de la planète tout court. Elle a raflé toutes les récompenses possibles et imaginables dans l’industrie télévisuelle, et au-delà. Depuis trente ans déjà, Oprah Winfrey écrit l’histoire de son pays. Mais ce cadre commençait peut-être à lui paraitre trop restreint…
En tout cas, son récent entretien-choc avec Meghan et Harry donne toutes les raisons de penser que la célèbre journaliste n’était pas là uniquement pour poser ces questions dont elle a le secret. Rappelons qu’Oprah Winfrey a été la personne qui a joué un rôle décisif dans l’élection du premier président noir de son pays.
Oprah derrière la victoire d’Obama
La page Wikipédia « L’approbation de Barack Obama par Oprah Winfrey » retrace, étape par étape l’évolution du statut du candidat Obama aux primaires du parti démocrate en 2007-2008, en fonction de l’engagement de la présentatrice du « Oprah Winfrey show » à ses côtés. Donné largement perdant face à la championne démocrate Hillary Clinton, le jeune universitaire de l’Illinois voit son incroyable médiatisation faire basculer les votes des femmes et des noirs en sa faveur. La fée Oprah est passée par là. Elle lève plusieurs millions de dollars pour sa campagne et prononce des discours incroyables d’éloquence lors de ses meetings électoraux. En Caroline du Sud, elle ose: « Dr (Martin Luter) King a parlé de rêve. Maintenant nous devons voter pour transformer ce rêve en réalité…». Qui peut résister à un tel appel, venant de la femme à qui se sont confessées les personnalités les plus puissantes du globe ?
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Oprah Winfrey, née d’une fille-mère très jeune vivant dans une extrême pauvreté, molestée à maintes reprises pendant son enfance – comme hélas beaucoup d’enfants dans ce milieu – est la parfaite illustration que l’Amérique de la deuxième partie de XXème siècle, aujourd’hui décriée par le mouvement Black Lives matter, a permis à une femme noire de faire carrière et d’atteindre les sommets. Grace à son immense talent, grâce aussi aux gens qui ont cru en elle, bien évidemment.
What?
Le récent entretien de Meghan et Harry, vu par des dizaines de millions de personnes sur tous les continents est le nouveau chef-d’œuvre politico-médiatique de ce soft power nommé Oprah. Et cette fois l’insatiable « Reine des medias » a voulu se mesurer à une autre reine, une vraie et jusque-là intouchable, Elizabeth II d’Angleterre.
Le prince Harry, à qui les observateurs ne louent pas une grande finesse d’esprit, a fait un très curieux choix, une fois sa décision de quitter le cercle royal prise avec Meghan Markle. À peine traversé l’Atlantique, il signe en 2019 un accord avec Oprah Winfrey sur la co-production de séries sur la santé mentale pour Apple TV. Avec la journaliste-milliardaire comme alliée, le cadet de Diana et de Charles se dote d’une nouvelle arme médiatique redoutable. Reste à lui trouver un bon usage…
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Le rendez-vous du jeune couple avec la vedette de la télé américaine sur CBS le 7 mars pourrait se résumer à un moment culminant, àun seul mot: « What ? », prononcé par celle qui a été nomée deux fois aux Oscars (car Oprah est également actrice, philanthrope et écrivaine, si vous l’ignoriez…). Ce « What ?», accompagné d’un regard horrifié digne d’un Hitchcock raté, est soigneusement préparé et utilisé très habilement dans les bandes-annonces de l’émission et durant l’interview avant chaque pause publicitaire. Ce « What ? » est prononcé par la journaliste en réaction au récit de Meghan sur la prétendue discussion « indécente » au sein de la famille royale au sujet de la couleur de peau de son fils Archie…
Le reste de l’entretien de trois heures n’était que de l’écume, pour faire de cette séquence un nouveau marqueur de la lutte progressiste. Une lutte bien décidée à ne reculer devant aucun obstacle, y compris la couronne britannique.
Et bien que quelques jours plus tard Elizabeth II ait publié un communiqué apaisant répondant à ce point bien précis de la conversation, ce nouveau « jeu de la dame » initié par la reine des médias ne fait probablement que commencer.
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