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Aphorismes macabres

Le billet du vaurien


Aphorismes macabres
L'écrivain et critique d'art français Huysmans © SIPA Numéro de reportage : 51035294_000001

Le billet du vaurien


Comment ne pas être séduit par la rêverie macabre de Huysmans qui suggère dans En Rade de conserver l’être décédé dans une fiole dont on ne perdrait ainsi jamais le parfum? Pour la première fois, le cher disparu sentirait bon. Peut-être même en viendrait-on à le regretter.

Huysmans encore. Comme Baudelaire, il célèbre «  la froide majesté de la femme stérile », admirable d’être indemne du cycle de la reproduction. Louise Brooks était fière qu’on l’appelle «  Brooksie la stérile ».

Sont-ils nombreux à penser qu’il vaut mieux éviter a priori la vie pour n’avoir pas à préférer la mort a posteriori? Les enfants que nous n’avons pas eus ne sauront jamais le bonheur qu’ils nous doivent.

A lire aussi, du même auteur: Quand Louise Brooks rencontre Pabst à la gare de Berlin

Les hommes se paient le corps des femmes et ces dernières se paient la tête des hommes. C’est ce que j’appelle un échange de bons procédés.

Se marier, c’est choisir la personne que l’on haïra après trois ans. Cette règle souffre des exceptions, ce qui est fort injuste et incompréhensible de surcroît.

C’est un conseil que j’ai retenu de Cioran: si un écrivain ne nous irritait pas à tout moment, aurions-nous encore la patience de le lire?

Sommes-nous capables d’aimer vraiment les êtres avant qu’ils n’aient l’élégance de mourir?

Il m’est arrivé qu’on me mette en garde contre la tentation de faire du Cioran. Quand je lui en avais parlé, il avait éclaté de rire tant il trouvait ce reproche de mimétisme absurde. Entre amis, m’avait-il dit, on s’imite, on se pille, sans que cela n’ait aucune importance. C’est même cela l’amitié, avait-il ajouté.

A lire aussi: Gustave Flaubert, le plus beau garçon de la plage, Victor Hugo, décorateur d’intérieur

Ce conseil d’un ami: pour ton suicide, choisis ta date d’anniversaire afin de faire un compte rond.

Si j’y réfléchis, j’aurai passé ma vie à cultiver le genre à la fois futile et funèbre.

Et pour conclure cette anecdote qui n’est pas dans l’air du temps. À Job qui n’arrête pas de poser des questions à Dieu, lui demandant pourquoi il le fait tant souffrir, Dieu un jour a daigné répondre, et la réponse fut brève: « Parce que tu m’emmerdes ». C’était le temps béni où Dieu pouvait encore dire ce qu’il pensait….

En rade

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