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Présidentielle 2024: Donald Trump y pense en se rasant

« Le Donald » a fait une apparition au CPAC, devant un public acquis


Présidentielle 2024: Donald Trump y pense en se rasant
Donald Trump au CPAC, Orlando, 28 février 2021 © John Raoux/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22544022_000010

Acquitté pour la seconde fois d’une procédure de destitution purement politique, Donald Trump se sent pousser des ailes… Il s’est exprimé devant un public acquis lors de la conférence du CPAC. Qu’y a-t-il dit?


Le 28 février, lors du grand méchoui du CPAC (Conservative Political Action Conference) à Orlando, il n’a pas fait mystère que c’est lui et lui-seul qui contrôle le Parti républicain. S’il laisse planer le doute sur sa candidature en 2024 (il aurait 78 ans…), il sera au minimum le faiseur de rois. Le plus pressé est de reconquérir la Chambre et le Sénat en 2022. Et de faire de Joe Biden un roi sans couronne. 

Donald Trump sort indemne de deux procédures de destitution!

Donald Trump s’était fait quelque peu silencieux depuis l’intronisation de Joe Biden à la présidence des États-Unis le 20 janvier dernier. Mais le retrait était tout stratégique : sous le coup d’une seconde tentative de destitution pour complicité dans l’attaque du Capitole qui s’est soldée par une nouvelle humiliation pour les Démocrates (il aura été non pas le président à avoir été destitué deux fois, mais celui qui aura été acquitté deux fois), Donald Trump a préféré jouer au golf. En outre, il fallait également digérer une défaite qu’il continue de trouver injuste car, répète-t-il, entachée « d’irrégularités électorales massives ». 

À Orlando, il a conspué la manière dont Joe Biden détricote plus vite encore qu’il ne le craignait son « œuvre », notamment sa politique migratoire en rouvrant les frontières à de potentiels truands, violeurs et criminels, selon une rhétorique virile inchangée depuis 2015. 

Trump ne va pas créer son propre parti

Donald Trump en a profité pour tordre le cou aux rumeurs qui le voyait créer un troisième parti politique qui aurait été la meilleure manière d’assurer au Parti démocrate une victoire permanente. Au contraire, il a remis la main sur la direction du GOP (Grand Old Party, le parti républicain) dont il est le leader peu contesté. Même son meilleur ennemi, le sénateur Mitt Romney a reconnu que si Donald Trump se présentait aujourd’hui à l’investiture, il la remporterait haut-la-main. 

En forme olympique à Orlando, devant un parterre acquis à sa cause, il a présenté un programme de parti axé sur le rétablissement de l’intégrité des élections (même si on met de côté le sujet clivant des fraudes électorales, il est évident que le Parti démocrate a modifié les lois électorales à son insigne avantage), la réouverture des écoles pendant la pandémie (les Républicains sont en majorité allergiques au confinement et même au port du masque), l’arrêt de l’immigration clandestine (Biden veut au contraire légaliser pas à pas 11 millions d’illégaux, essentiellement d’Amérique du Sud), la résistance à la Chine (qui est le véritable adversaire des États-Unis selon Trump, et pas la Russie) et le démantèlement des grands monopoles technologiques des GAFAM (après son bannissement à vie de Twitter, Trump estime les gazouillis « ennuyeux »).

La tragédie du Capitole minimisée

Sa popularité presque intacte auprès des siens – la plupart estimant que l’assaut du Capitole est véniel, voire un piège qui lui a été tendu par les Démocrates -, l’ancien président entend exercer une influence sur le Comité national républicain (RNC) via son comité d’action politique Save America et en concentrant vers son site DonaldJTrump.com les dons des militants. Toujours aussi pragmatique…

A lire aussi, Jeremy Stubbs: La morte du Capitole: ni terroriste, ni martyre

Son fils, Eric Trump, clame qu’on n’en a pas fini avec son père. Mais la famille Trump reste évasive quant à son éventuelle candidature à la présidentielle de 2024. On sent que Donald en a envie. Il y pense probablement en se rasant comme disait Nicolas Sarkozy. Mais en 2024, Donald Trump aura 78 ans, soit l’âge qu’a Joe Biden aujourd’hui… Est-ce bien raisonnable ?

À l’heure d’écrire ces lignes, il est clair que nul Républicain n’est plus charismatique ou populaire que Donald Trump. Mais après avoir perdu la Maison-Blanche et le Sénat, il ne faudrait pas qu’il échoue une seconde fois.

Le cauchemar de l’establishment

Il lui faudra retravailler le corpus idéologique du Parti républicain dans la continuité, changer quelque peu de disque, s’assagir un tout de petit peu face à un establishment pour lequel son retour serait un cauchemar. Et la reconquête passe par un Parti républicain plus ouvert aux minorités, surtout la minorité hispanique. Un ticket avec Ted Cruz, la star montante du parti, d’origine cubaine, serait une possibilité alors que Mike Pence n’a recueilli qu’1% d’intention favorable lors du CPAC, en raison sans doute de son refus de recertifier les enveloppes des grands électeurs lors de cette journée mémorable du 6 janvier. Hélas, Ted Cruz a fait la bêtise de quitter le Texas pour Cancun en pleine tempête de neige. Et Nikki Halley, qu’on aurait bien vu également comme co-listière en tant que « femme de couleur » a pris ses distances avec Donald Trump, estimant qu’il avait laissé tomber les Républicains.

Avec 97% des participants interrogés approuvant les performances professionnelles de Donald Trump, 95 % ayant déclaré vouloir que le Parti républicain poursuive sa politique et près de sept personnes sur dix qui souhaitent que Trump se présente à nouveau en 2024, « Le Donald » est plus populaire que jamais dans son camp. S’il décidait finalement de ne pas se représenter, il serait à tout le moins faiseur de Roi. Et il sera indispensable au GOP lors des mid-terms en 2022 pour reconquérir le Sénat et peut-être même la Chambre.



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est écrivain, journaliste et romancier belge. Dernière publication : "Tout doit disparaître", Edilivre (2021)

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