Il n’y a pas d’égalité entre hétérosexuels et homosexuels en matière de parentalité. Comme le soulevait Michel Schneider dans Big Mother : « Il ne faut pas confondre égalité des droits et droit à l’égalité. » Dans son article « Le mariage célébré par ses célibataires mêmes »[1. Exorcismes spirituels IV, (Les Belles Lettres), 2005], Philippe Muray soulignait avec drôlerie que les hétérosexuels n’avaient jamais combattu pour obtenir ce droit. Et j’imagine mal Marcel Proust, Oscar Wilde et Pier Paolo Pasolini réclamer le mariage gay ou l’homoparentalité.
Les lobbies homosexuels revendiquent l’homoparentalité et le mariage à l’égal des hétérosexuels qui, eux, constituent le modèle familial de base puisqu’ils sont naturellement dotés de capacités procréatrices. Penser le contraire et exiger l’homoparentalité revient à détruire la spécificité de l’homosexualité, laquelle se caractérise par un amour sexuel sans enfantement. Ou alors il faut revoir la sexualité de l’homosexuel de fond en comble. À ce titre, les homosexuels auraient les mêmes droits que les hétérosexuels s’ils consentaient à faire l’amour avec le sexe opposé pour engendrer. Mais comme ils sont homosexuels, cette voie leur est bien évidemment refusée.
Le « désir d’enfant » ne peut éclore qu’à une époque qui a fétichisé l’enfant jusqu’à la bêtise comme le notait Jean Baudrillard. Cette fétichisation de l’enfant intervient à une époque où les adultes refusent d’être adultes, restant adulescents ou se complaisant dans le jeunisme : l’égoïsme infantile est devenu le marché à choyer pour vendre, relais de l’égoïsme libéral de base. Cette bébémania est l’état régressif vers lequel il faut tendre d’une façon symbolique. Il n’est donc pas étonnant que, par victimisme interposé, les associations homosexuelles revendiquent l’homoparentalité pour des personnes qui, de fait, ne peuvent pas engendrer. Il s’agit de faire comme on veut dans la réalité et de demander ensuite à l’Etat de légaliser notre transgression.
Si l’on répond qu’il est normal que l’homme se soit éloigné de la nature et qu’il est sain qu’il en soit ainsi, ce principe permettant d’attribuer des enfants à des gens qui ne peuvent pas en avoir, il serait tout aussi logique de demander aux homosexuels de mettre leur désir d’enfant en veilleuse, ce désir étant biologique et naturel chez l’homme. On ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre, le cul du crémier et sa maison par-dessus le marché pour complaire à une petite minorité qui s’agite beaucoup.
Depuis des milliers d’années, les choses se passaient ainsi et on se demande bien pourquoi « il faudrait » maintenant sortir à tout prix d’un tel modèle qui s’est imposé sans combat ! Le mimétisme hétérosexuel des homosexuels est grotesque. Il ne réclame pas seulement d’être de parfaits petits bourgeois en plus d’être de zélés conformistes mais copie le modèle naturel présent depuis des siècles en tentant de faire croire que celui-ci n’a aucune réelle prérogative ou aucune influence. Or, Mère Nature (et non Père nature) a distingué deux sexes car ceux-ci peuvent s’unir pour engendrer un enfant et c’est de cette seule et unique façon que le réel opère. À moins de commettre un déni de réel, l’hétérosexualité reste le modèle « dominant » effectif et naturel. Qu’il soit « dominant » veut simplement dire qu’il est prépondérant. Il n’implique nullement le projet d’éradiquer l’homosexualité mais a tout simplement été créé pour que l’espèce se perpétue. Et le mariage est là pour avaliser cette future descendance afin d’éviter que les hommes et les femmes ne courent à droite et à gauche et et ruinent leur union et leur descendance. Si les hommes et les femmes n’avaient pas la possibilité d’enfanter, ils ne se mettraient pas ensemble et ne se marieraient pas.
Le monde ne se partage donc pas entre hétérosexuels et homosexuels mais entre hommes et femmes. Si l’homosexualité n’est pas un choix, il est impératif d’assumer sa préférence. Être homosexuel, c’est assumer un statut sexuel réel et non imiter les hétérosexuels. Être au monde, c’est faire le deuil de certaines choses tout comme nous choisissons la femme que l’on épouse en renonçant à toutes les autres femmes.
De même, il ne s’agit pas de savoir si oui ou non les enfants d’homosexuels seront homosexuels ou hétérosexuels ou s’ils seront plus ou moins névrosés ou fous. On pose ce dilemme pour le réfuter ensuite et ainsi avaliser l’homoparentalité. Il s’agit dès le départ de donner aux enfants un père et une mère, une différenciation sexuelle et donc une diversité sexuelle. Dans un couple homosexuel, il n’y a pour l’enfant que deux « mêmes ». Comment les enfants vont-ils appeler leur papa ou leur maman dans cette non-différenciation sexuelle, la différenciation sexuelle étant à la base de l’engendrement ? Comme l’avait fait remarquer Woody Allen dans Manhattan, avec un père ou une mère c’est déjà difficile alors avec deux… Car au fond, il s’agit sans cesse de dévier, de n’être jamais satisfait de rien, de réclamer perpétuellement de nouveaux acquis, de nouveaux droits qui ne peuvent jamais combler quoi que ce soit dans l’imaginaire et le désir humain. À la fin, nous vivons dans un monde irréel, dans un univers fantasmatique qui ne connaît plus aucune limite, plus aucun « marquage » de quelque nature que ce soit. Un tel point de vue n’a rien de « réactionnaire » mais tente de sauvegarder un minimum de concret et de stabilité afin de préserver ce monde plutôt que de le livrer à la sphère marchande sous prétexte de « changement » et de « progrès ».
*Photo : Dusty Smith – Twitter.com/DustyAllDayLong
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