Les ignominies proférées contre la police par la sœur d’Adama Traoré dans « Jeune Afrique », ce sont d’abord des ignominies contre notre nation dont les forces de l’ordre sont l’une des incarnations républicaines. Pourquoi seules des paroles singulières, courageuses, osent-elles s’exprimer? Pourquoi le pouvoir, lui, a-t-il peur?
« Oui nous sommes en danger, oui les noirs sont en danger, oui les arabes sont en danger, oui les personnes issues de l’immigration sont aussi en danger (…), meurent sous les violences et les coups de cette police… » Pour faire bonne mesure, cette litanie intègre, avec le même registre, « les gens du voyage » et la « communauté asiatique ». La police les tue tous.
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Je n’invente pas. C’est Assa Traoré qui parle, il s’agit de la police et de la gendarmerie françaises, il s’agit de la France. Sur le site de Jeune Afrique, le vendredi 5 février.
La réplique cocasse de Mila
Ce sont des délires mais personne ne bronche. Le syndicalisme policier est muet. On ne peut se satisfaire de la seule réplique acerbe de Mila : « les jeunes filles blanches non plus (et je sais de quoi je parle !) ».
Les jeunes filles blanches non plus (je sais de quoi je parle) 😉 https://t.co/kngGYt5Ym1
— Mila (@magicalorrs) February 6, 2021
On ne saurait non plus abandonner la partie face à la défense d’une cause douteuse, celle de son frère Adama, au passé très imparfait, mort après s’être soustrait à une interpellation dans des conditions faisant encore l’objet d’une information. Les magistrats en charge semblent d’ailleurs tétanisés à l’idée de clôturer le dossier en prenant une décision quelle qu’elle soit. Ce sont des délires mais personne ne bronche.
L’insécurité des Asiatiques ne provient pas de la police…
Comme si Assa Traoré était protégée par ses propres énormités, à l’égard desquelles les outrances d’une Camélia Jordana sont quasiment des gracieusetés. La violoniste Zhang Zhang, en tout cas, a répondu à Assa Traoré sur la communauté asiatique: « c’est gentil à elle de se soucier de la communauté asiatique en France… comme elle l’a dit elle ne se sent pas en sécurité à cause de la criminalité croissante qui la vise mais cette violence anti-asiatique ne vient pas de la police ».
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Pourquoi seules des paroles singulières, courageuses, osent-elles s’exprimer ? Pourquoi le pouvoir, lui, a-t-il peur ? On a bien compris que Gérald Darmanin avait envie de changer de registre. Moins vigoureux, plus « centriste ». Depuis longtemps – il le ressasse – on sait qu’il est un adversaire farouche du RN et tout récemment il s’en est pris à Génération identitaire qui il est vrai, aujourd’hui, représente un danger capital pour la République !! On aboutit à cet amer paradoxe que la haine des forces de l’ordre et de la France est davantage acceptée que l’amour parfois transgressif de notre pays. En réalité, Assa Traoré intimide une autorité de l’État pourtant fermement mobilisée pour des contraventions vénielles. Parce que, derrière elle, se trouvent des minorités décolonialistes, indigénistes, éprises de repentance (pour les autres), exécrant l’homme blanc, porteuses d’un féminisme vindicatif, violent et absurde décourageant toute lutte intelligente.
On laisse des militants salir notre France
Une extrême faiblesse se cache derrière ces abstentions et il serait plus courageux de sanctionner et d’interdire ces haineuses dénonciations, cette globalité honteuse que d’évoquer sept péchés capitaux pour le Beauvau de la sécurité en oubliant le huitième : la lâcheté absolue de l’Etat.
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Je devine ce qu’il y a de résignation, voire de réalisme condescendant à l’égard des délires d’Assa Traoré: on la connaît, elle disjoncte régulièrement, elle est lamentablement prévisible et au fond personne ne la suit, elle cultive jusqu’au paroxysme la folie française d’agonir d’injures la police, ça lui passera ! Cette attitude masque la réalité qui est de laisser à certains le droit d’humilier, de salir la France, de cracher, avec quelle acrimonie et virulence, sur un pays où ils vivent, manifestent. Ces ignominies contre la police, ce sont d’abord des ignominies contre notre nation dont les forces de l’ordre sont l’une des incarnations républicaines. Se taire, ne rien faire de la part des ministres, ne pas s’émouvoir pour la Justice – le droit de la presse et de la communication est pourtant si inventif quand il s’agit d’Eric Zemmour ! – validera une offensive pas seulement verbale : elle a une traduction dans les mille affrontements d’une société de moins en moins civilisée, qu’on laisse décliner même pas avec mauvaise conscience.
Assa Traoré aurait bien tort de se gêner. Une démocratie authentique (que ses contempteurs aillent se livrer aux mêmes procès en Chine ou en Russie et ils verront !) qui ne sait plus se faire respecter n’est plus à la longue respectable.
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