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Marielle, Broca, Belmondo: le beau recueil nostalgique de Thomas Morales

Le temps est propice à rendre hommage à ces légendes du cinéma français


Marielle, Broca, Belmondo: le beau recueil nostalgique de Thomas Morales
Jean-Pierre Marielle et Annie Girardot en 1976 dans le film "Cours après moi que je t'attrape" de Robert Pouret. © SIPA Numéro de reportage : 00377665_000001

Notre chroniqueur régulier Thomas Morales vient de sortir un beau recueil, Ma dernière séance, dédié à trois légendes du cinéma hexagonal.


Le temps est propice à la nostalgie – comme il l’est toujours, avec Thomas Morales. Face à un présent déprimant, rien de mieux que de revenir aux vieilles gloires, de se réfugier dans les valeurs sûres, et de s’emmitoufler dans ce qu’on connaît par cœur, comme d’un plaid en laine dans une maison mal chauffée. Le plaid salvateur de Thomas Morales, c’est une collection de films de notre cinéma national, quand il pouvait encore se dire comique et populaire. Cette année, pour avoir la force de passer l’hiver, notre auteur nous offre Ma dernière séance, un beau recueil de chroniques dédié à trois légendes : Marielle, Broca, Belmondo. Du « temps béni des égéries masculines », riche de « notions aujourd’hui bannies: l’audace, le bon mot, l’ironie amusée, les amours ancillaires et le désengagement vindicatif ».

Un hommage superbe à Jean-Pierre Marielle

Les lecteurs assidus de Causeur auront le bonheur d’y relire l’hommage superbe à Jean-Pierre Marielle que Morales avait publié dans nos colonnes en forme de série d’été après sa mort en 2019, accompagné de sa filmographie complète ; probablement un des plus beaux hommages écrits par Morales (qui n’en est pourtant pas avare), dont le style virevoltant est plein d’une affection ancienne pour l’acteur qui « catapultait les cons dans la stratosphère ».

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« Marielle n’était pas un Français moyen comme on l’a souvent chroniqué, ou alors d’une moyenne puissance mille, d’une moyenne exponentielle, d’une moyenne épique. Chacun de ses gestes, cette attitude féroce et tendre, ce détachement face à une réalité trop laide, le plaçait hors concours, hors gabarit. » Dans la « pâtisserie de province », sublimant le « fornicateur des zones pavillonnaires », Marielle incarne l’insouciance française sauce Trente Glorieuses ; « convaincu que les temps funestes voileront bientôt l’horizon, alors jouissons, trinquons et égarons-nous dans la moiteur d’une touffe indisciplinée ».

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Jean-Pierre Marielle dans « Les galettes de Pont-Aven »

C’est cette période de passage, cette ligne de crête, que Morales cherche aussi chez Broca, « le dernier à avoir consigné dans ses films l’âme française, ce mélange d’insouciance et d’individualisme, d’une bourgeoisie bien élevée et d’élévation spirituelle ». Évocation de Cartouche, Le Cavaleur, Le Magnifique : « Il fait le pari insensé de la sensibilité sans mièvrerie, du panache sans gloriole, d’une recherche éperdue de pureté sans les poncifs habituels, cette glue émotionnelle qui colle maladroitement les morceaux. Il fracasse les hérauts de la Nouvelle Vague sur les récifs d’un intellectualisme fermenté ».

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Les scènes défilent, Morales va et vient entre le présent et le défilé coloré de personnages flamboyants, au premier degré magnifique, sans mauvaise conscience et sans discours moralisateur (les deux allant de pair). Le contraste est la rançon de la nostalgie. Morales est un virtuose du rocking-chair: confortablement installé, il se balance d’avant en arrière, du doux à l’amer, jusqu’à l’étourdissement tranquille et le serrement de cœur.

Ma dernière séance : Marielle, Broca et Belmondo

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« C’est triste, mais l’écrit tend à disparaitre du paysage français… »
Thomas Morales en entretien avec Philippe Bilger sur Fréquence Protestante



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