Franc succès pour l’Université d’été du Medef ! Pendant trois jours, pas moins de huit ministres ont défilé à la tribune, le Premier d’entre eux ayant même honoré de sa présence l’organisation patronale en prononçant, le 29 août, un discours inaugural. Pour l’essentiel des organes de presse, M. Ayrault a rassuré les patrons en soulignant être « attentif aux difficultés » qu’ils rencontrent, « mais aussi à leurs propositions ». Il leur a également fait part de son estime, conscient qu’il était de « leur apport décisif à l’économie ».
Comme de juste, la présence de nombreux ministres a satisfait les principaux responsables du MEDEF, Mme Parisot observant d’ailleurs avec satisfaction les positions du gouvernement évoluer. Le contraire eût été de toute évidence surprenant tant il aurait été malvenu, du côté des patrons, de se montrer trop critiques envers un gouvernement qui, en se déplaçant, offrait des marques de conciliation.
Voilà donc le Medef et le gouvernement réconciliés après le clash de la conférence sociale de juillet dernier. Las ! La romance médiatique serait-elle trop belle ? Qui aura pris la peine d’écouter le discours du Premier ministre en entier ne pourra que s’interroger sur les résultats de l’opération de communication apparemment réussie du MEDEF. Durant près de 50 minutes, Jean-Marc Ayrault n’a en effet rien fait d’autre que d’égrener les multiples mesures, déjà répétées à satiété, du programme de campagne de François Hollande. De quoi rassurer les chefs d’entreprise ?
Après tout, ces derniers, qui appellent de leurs vœux plus de flexibilité du travail et des mesures pour renforcer la compétitivité hors coût de leurs entreprises (entendre le financement de l’innovation, les investissements…), ont de quoi se réjouir – pour peu qu’ils aiment à se payer de mots. Le gouvernement est en effet plus que jamais mobilisé pour, réfléchir à « l’amélioration et la sécurisation juridique des procédures de licenciement collectif », créer de nouveaux types de contrats aidés, conserver des prix de l’énergie compétitifs en réduisant de 75% à 50% la part du nucléaire dans la production nationale d’énergie (cherchons la logique…), ouvrir enfin des « chantiers de compétitivité » une fois rendu le rapport de Louis Gallois sur le sujet.
Bref, il ne manquait rien à cette Université d’été si ce n’est peut-être que Laurence Parisot aurait dû inscrire au programme des cours accélérés d’avalage de couleuvres.
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