Plus de trois semaines après la fête américaine de Thanksgiving, un article du New York Times s’appuie sur des données téléphoniques et scientifiques pour mettre à mal « l’effet Thanksgiving » et infirme ainsi les discours des experts et politiques brandissant la menace des fêtes de Noël en France. Explications.
Le 7 décembre 2020, Valérie Pécresse affirmait sur France Inter: « Pour éviter une troisième vague, on aura besoin que tous les Franciliens aillent se faire tester massivement après les fêtes » afin d’éviter « un effet Thanksgiving ».
« On aura besoin que tous les Franciliens aillent se faire tester au lendemain des fêtes », estime @VPecresse. « Il faut éviter à tout prix une troisième vague, l’effet ‘Thanksgiving’. » #le79Inter pic.twitter.com/5kekzodfPE
— France Inter (@franceinter) December 7, 2020
Autrement dit, les rassemblements publics et privés pour la fête de Thanksgiving auraient participé au rebond de l’épidémie aux États-Unis. Ne s’appuyant sur aucune source scientifique, Valérie Pécresse aurait pu s’abstenir mais à sa décharge, elle n’est pas la seule à avoir évoqué « l’effet Thanksgiving ». Le Conseil scientifique l’a également mentionné. Par ailleurs, bon nombre de médias ont suivi le fameux Conseil scientifique et ont relayé cette information douteuse.
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Or, les données scientifiques américaines ne vont pas dans le sens des autorités françaises. De manière générale, dans les États où la situation sanitaire empirait avant Thanksgiving, celle-ci a continué de s’aggraver. Et dans les États où la situation sanitaire s’améliorait avant que les Américains ne s’attablent autour de leur dinde traditionnelle, on n’a pas connu d’inversion de la tendance. Ce graphique ci-dessous est à cet égard assez parlant :
La responsabilité individuelle à l’œuvre
Il faut toutefois nuancer l’hypothèse d’un risque quasi nul de contamination pour les fêtes de fin d’année. En effet, grâce aux données de géolocalisation[tooltips content= »Ces données sont produites par Cuebiq, une société d’analyse de localisation, et reprises par le New York Times. »](1)[/tooltips], le New York Times constate que les Américains ont considérablement réduit leurs interactions durant Thanksgiving par rapport à l’année dernière (-66% au nord-est et dans la moitié ouest ; -55% dans le sud des États-Unis). Les comtés où les Américains ont eu plus d’interactions que l’année dernière ne représentaient que 0,5% de la population américaine. Les Américains ont ainsi fait preuve de civisme et d’intelligence lors de Thanksgiving. Auront-ils le même comportement lors des fêtes de fin d’année ?
Il n’est donc pas illégitime d’appeler les Français à « redoubler de vigilance » pendant les fêtes comme le fait l’exécutif en France, mais il est inexact d’affirmer que les États-Unis connaissent une nouvelle période de hausse des cas de Covid-19 à cause de Thanksgiving. Les fake news ne font qu’apporter de l’eau au moulin des complotistes…
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