En France, les manifestations se multiplient à un point qui en devient grotesque
Les gilets jaunes ont manifesté dans les grandes villes pendant des mois, manifs qui ont ruiné nombre de commerçants et démoralisé une grande partie de la population qui avait la nausée de voir chaque week-end se répéter les mêmes scènes de violence, toutes ces flammes, destructions et blessures.
Tout ça pour un résultat dont personne ne saurait trop dire en quoi il consiste. Mais les Français, dans leur majorité (paraît-il) approuvaient…
Marre de la casse
Les migrants manifestent, les anti-racistes manifestent, les opposants à la loi retraite manifestent, les écologistes manifestent, les anti-Amazon manifestent… On a l’impression que ça ne finira jamais. Ce pays aurait besoin d’un peu de calme et d’apaisement. C’est ce à quoi aspire l’immense majorité de la population. Pouvoir travailler et vivre tout simplement, dans un véritable sentiment de sécurité. Tout le monde en a marre de ces voitures qui brûlent, de ces vitrines cassées, de ces gens qui se tabassent entourés d’autant de gens qui les filment portable en main.
Et même si c’est le fait de groupuscules violents, organiser une manif aujourd’hui c’est prendre cette responsabilité et donner de belles occasions à ces violences.
La démocratie ne peut-elle pas très bien vivre sans que constamment la rue se mobilise ? Il y a des assemblées et des institutions qui sont faites pour cela, de l’échelon national à l’échelon local. Il y a des syndicats pour dialoguer, voire lutter par la grève pour des revendications professionnelles. Lancer à tout propos des mots d’ordre de manifestation – et c’est aujourd’hui si aisé grâce aux réseaux sociaux, par ailleurs sources d’innombrable fausses informations – c’est abuser d’une arme qui ne devrait être utilisée que dans le plus grand péril.
L’article 24 a bon dos!
Un certain nombre de citoyens se rêvent en glorieux soldats de l’an II, en sans-culottes défenseurs du peuple opprimé, en résistants prêts à tout pour défendre et sauver nos sacro-saintes libertés. Mais c’est une vaste blague.
Qui peut croire sérieusement, même avec le fameux article 24, que nos libertés fondamentales soient réellement menacées ? Certainement pas tous ces éternels résistants, tous ces révolutionnaires de salon comme de pavé qui savent très bien au fond d’eux-mêmes que leurs mouvements de rue ne leur font prendre aucun risque vital. Seuls les commerçants riverains, déjà ruinés par le Covid, prennent le risque de voir détruire leurs boutiques. Mais ils adorent se prendre pour les résistants de notre époque. Il n’est que de lire le texte pompeux de la « coordination » qui affirmait maintenir la manif contre la loi « sécurité globale » quand elle était encore interdite:
« Nous irons et nous marcherons pour défendre cette liberté… nous avons déjà vu comment les vies de tant de femmes et d’hommes qui tentaient d’exprimer cette liberté ont été mutilées et détruites. Nous acceptons de prendre ce risque parce que ce pour quoi nous nous battons dépasse les risques que nous prendrons. »
N’est-ce pas beau comme du Victor Hugo ? Effectivement le risque était réel puisqu’il y a eu 98 blessés, parmi les forces de l’ordre, et un journaliste qui a reçu un (violent) coup de matraque.
Je me risque à un parallèle osé. Quand je pense à Daniel Cordier, qui vient de nous quitter, et donc à Jean Moulin et à tous les résistants qui ont engagé leur vie pour ressusciter une liberté qui était réellement sous la botte nazie, je me demande si cette belle liberté qu’ils nous ont donnée, nous la méritons vraiment.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !