Piotr Pavlenski est un fou furieux. Et il a un talent de fou.
Il se fit connaitre il y a quelques années en se clouant les testicules sur la place Rouge, pour protester contre Poutine. On l’envoya dans un asile psychiatrique où il fut déclaré sain d’esprit. Puis il obtint l’asile politique en France.
Son livre Théorème n’est qu’une longue suite d’imprécations. Certains écrivent : Pavlenski hurle. Chacun de ses mots est une insurrection. Et il est une insurrection à lui tout seul.
Un imprécateur possédé
Lisez-le : Pavlenski est un possédé. Dostoïevski a tout dit sur ce type d’homme. Il y a chez lui un aspect Savonarole avec son bûcher des vanités. Et voilà ce que Pavlenski jette dans son bûcher des vanités.
“Lorsque la tête de Poutine décorera la Place Rouge, Quand Macron aura été guillotiné sur les Champs-Elysées, quand Trump sera pendu sur des lignes à haute tension et que le corps de Merkel flottera dans les eaux du Rhin, alors seulement on enterrera dans les ruines cet ordre qui est comme un nœud coulant autour de nous.”
Vu les cris de mort qui précèdent on s’étonnera quand même que Pavlenski ait vibré à l’unisson du mouvement des Gilets jaunes. Là c’est la partie un peu mièvre de son livre. Il s’arrête de crier, il minaude. Il voit une révolte là où il n’y avait qu’une convulsion poujadiste. On apprend ainsi avec lui que Maxime Nicolle, figure emblématique des Gilets jaunes, est « un grand leader du peuple » (!).
Porno-anarchie
Pavlenski hait l’ordre établi, le Nouvel Ordre Mondial. Il a une religion : l’anarchie. Et il la pratique sous une forme particulière : la porno-anarchie. C’est lui qui a jeté la belle Alexandra dans les bras de Benjamin Griveaux. Et c’est lui qui a balancé sur les réseaux sociaux la vidéo compromettante de l’ancien porte-parole du gouvernement.
C’est raconté avec force détails dans Théorème. Tout comme le séjour à Fleury-Mérogis qui s’en est suivi. De cet exploit Pavlenski n’est pas peu fier. Pour lui Griveaux est un petit pion sur l’échiquier mondial du libéralisme. Et l’abattre était une bonne chose. En dehors de cette intéressante péripétie, tout dans Théorème n’est que violence, haine et rage. Un témoignage éclairant sur ce que peuvent être les passions de l’extrême gauche radicalisée. Rien que pour ça, ça vaut la peine de lire Pavlenski.
Théorème. Piotr Pavlenski. Editions Exils.
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