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The Big Bukowski

Le grand poète américain Charles Bukowski, loin des clichés


The Big Bukowski
Charles Bukowski, invité de Bernard Pivot dans l'émission littéraire "Apostrophes", 22 septembre 1978.© Sophie Bassouls/Leemage

Un essai biographique de Cédric Meletta, Les Bukoliques, permet de fêter dignement le centenaire du grand poète américain, loin des clichés sur le « vieux dégueulasse ».


Charles Bukowski: cracher dans les yeux des anges

Deux dates, pour commencer. La première, il y a presque cent ans jour pour jour. Le 16 août 1920 naît en Allemagne, Heinrich Karl Bukowski. La seconde, c’est la naissance française de Buk, ou de Hank, ou de Chinaski, bref de tous les surnoms ou doubles littéraires dont il s’est affublé. Nous sommes le vendredi 22 septembre 1978, sur le plateau d’« Apostrophes ». Le grand public découvre ce soir-là un poète américain aux allures de Silène. L’époque n’est pas encore à la culture du clash télévisuel, ce qui n’empêche pas Bernard Pivot de prendre régulièrement des risques en invitant, au milieu de bons vendeurs, des figures nouvelles…

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En 1978, s’il n’est pas inconnu, Bukowski est encore relativement confidentiel. Ses découvreurs sont des aventuriers de l’édition, des pirates inspirés comme Gérard Guégan au Sagittaire ou Philippe Garnier aux Humanoïdes Associés. Ils n’ont encore traduit d’une œuvre prolifique que quelques titres l’année précédente, parmi lesquels deux romans, Le Postier et Factotum, et un recueil de poèmes, L’amour est un chien de l’enfer.

Une légende hypocrite

L’émission tourne au désastre. Bukowski est ivre, comme il l’a d’ailleurs été une bonne partie de sa vie. Il boit du sancerre à la bouteille, n’écoute pas la traduction simultanée, commence à tripoter la romancière Catherine Paysan sous les yeux amusés, puis inquiets du psychiatre Gaston Ferdière qui s’occupa d’Antonin Artaud et de Cavanna. Assez vite, Bukowski est exfiltré du plateau. On peut revoir tout ça, pour les jeunes générations, sur le site de l’INA. Une légende est née. Avec ce que les légendes comportent d’hypocrisie : Buk devient une star en France, pas forcément pour de bonnes raisons. On sait qu’avec lui, il y aura de l’alcool, du sexe, de la provocation. On sait, pour reprendre un de ses titres, qu’on aura affaire à « un vieux dégueulasse ». On oublie juste qu’on va aussi rencontrer une très grande tristesse et, si l’on veut bien admettre


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Octobre 2020 – Causeur #83

Article extrait du Magazine Causeur




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