Accueil Brèves Petit Robert : Adieu Mademoiselle, bonjour LOL

Petit Robert : Adieu Mademoiselle, bonjour LOL


L’édition 2013 du Petit Robert, dont le conseiller éditorial Alain Rey estime, selon Le Parisien, qu’il a toujours été essentiel de « faire bouger le modèle académique », enrichit la langue française de ses nouvelles trouvailles et diversités.

Vous l’aurez tous appris au fil des infos, « subclaquer », « lol », « gloups » ou « marrade » ont trouvé leur définition dans le dictionnaire de l’année. Le temps que l’inventivité sans limite des locuteurs contemporains ne les renvoie dans les limbes de l’annuelle obsolescence où des anglicismes toujours plus nombreux nous aideront à penser comme on twitte : « dièse FF at Cop1[1. « Copain »], check[2. « Vérifie ».] ça ASAP[3. « Aussi vite que possible »] car AMHA[4. « A mon humble avis ».] c’est ouf grave », saperlipopette[5. Juron familier et vieilli.] !

Evidemment, les ronchons dans mon genre se feront encore mal voir dans les dîners en ville : ce serait antidémocratique, élitiste, voire « FN » (le Petit Robert devrait songer à adjectiver et substantiver ces initiales, pour l’édition 2014) de déplorer que les expressions croustillantes ou puissamment évocatrices de notre bon françoys ne se lisent plus désormais qu’en littérature quand celle-ci se cache pour mourir. Tous les linguistes vous le diront : la vie d’une langue, c’est toujours tout de suite. Tout le reste n’est qu’anti-progressisme et francocentrisme.

Reflet de la société, le dictionnaire ? Je n’ai rien contre les néologismes, les anglicismes, les arabismes, le charme du québécois ni contre aucun registre, mais on me fera difficilement avaler qu’un locuteur contemporain se heurte à un incompréhensible « lol » au détour d’un texte ou à un mystérieux « gloups » entre deux petits fours et s’emploie fiévreusement et par suite, sitôt rentré en sa coloc, à en dégoter le sens en rêvant à une phrase ciselée où sa nouvelle acquisition sémantique, embellissant son ramage, trônera fièrement.

On me pardonnera peut-être de passer mon chemin sans acquérir cet indispensable grimoire, et de m’enfermer avec Pantagruel et Mangeclous en priant Littré que tous nous veuille absoudre.



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Isabelle Kersimon est journaliste.

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