Une fiction publiée par l’hebdomadaire Valeurs actuelles présente la députée d’extrême gauche Danièle Obono en esclave. Faut-il s’en indigner ?
Rien à secouer d’Obono et rien à secouer de Valeurs. Je ne mettrai pas un genou à terre comme trop le font. Je ne suis pas responsable et je ne serai pas, plus, prise en tenaille, la fameuse tenaille identitaire…
J’ai lu le dernier numéro de Valeurs Actuelles et la fiction de Harpalus. L’avez-vous lue ? Tout le monde parle d’un “torchon”.
L’auteur a romancé les thèses indigénistes, appliqué leur doctrine à la lettre ainsi que leur représentation de l’histoire coloniale et celle de l’esclavage. Il a mis une militante indigéniste qui se rêve descendante d’esclaves et victime d’un racisme d’état « systémique » au centre de tout ça. C’est tout.
Où est le problème ?
À travers une fiction, l’auteur de Valeurs Actuelles montre que la députée Danièle Obono devrait avoir honte d’elle, de son instrumentalisation de l’histoire des victimes de la traite négrière, de tous ses stratagèmes qui font penser qu’en étant non blanc aujourd’hui en France, on vivrait comme du temps de l’esclavage.
Quel est donc le problème ? Qu’est-il arrivé pour que des ténors de la cause républicaine se déchainent sur les réseaux sociaux pour voler au secours de Madame Obono ?
« Le dessin est horrible » me dit-on. En quoi ? Les indigénistes scandent bien que le racisme anti-blanc n’existe pas et que la traite des blancs à travers l’histoire ne compte pas, ils affirment que toute personne non-blanche vit comme les ramasseurs de coton du temps de l’esclavage… Cela vous choque ? Moi aussi. Et c’est la seule raison pour laquelle ce dessin peut révulser, non par son racisme mais par l’escroquerie indigéniste qu’il entend illustrer.
Que ceux qui se moquent régulièrement des « poseurs de genoux à terre » se regardent dans un miroir.
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Nous ne sommes pas responsables de ce qui arrive à Obono. Son camp est en revanche à l’origine du plus gros de la haine contemporaine en France, des moqueries, en passant par les insultes, le cyber-harcèlement et les menaces de mort. Son camp est aussi à l’origine du relativisme, ce cancer envers ceux qui veulent nous tuer.
Les identitaires de l’extrême droite aussi nous en mettent plein la figure lorsque l’on exprime nos positions universalistes mais soyons juste, soyons honnêtes, qui nous attaque ? Qui nous traque ? Qui vous fait peur actuellement ?
Républicains, nous sommes lynchés régulièrement et le camp d’Obono ne condamne jamais ce qui nous arrive, ils ne tiennent même pas en laisse leurs trolls, leurs racailles, leur milice. Pire, Obono a craché sur les tombes des victimes de Charlie Hebdo en écrivant qu’elle a plutôt pleuré pour Dieudonné que pour les victimes de Charlie… Mais tout est pardonné.
Pas envie de prendre parti
Si certains sont gênés que Valeurs Actuelles les ait mis dans une position où ils se sentent obligés de défendre l’inénarrable Daniele Obono, moi, petit moi de rien du tout, je leur en veux de me mettre dans une position où je dois défendre Valeurs Actuelles. Leur fiction, c’est du Charlie à leur sauce, mais du Charlie quand même, un raisonnement par l’absurde qu’on leur refuse pour saisir l’occasion de briller par bien-pensance, pour avoir l’ascendant moral…
J’assiste éberluée à cette conjuration des fragiles effrayés que l’on puisse les traiter de racistes encore une fois, qui se sentent responsables… un cercle infernal, tout se répète. De nouveau, on laisse le champ libre aux vrais racistes, on nourrit leur syndrome de persécution, on s’auto-flagelle. Nous n’avons rien appris.
Si ce roman d’été doit choquer, je répète que c’est parce qu’il nous présente en réalité les idées du Parti des Indigènes de la République, d’Obono et d’une partie de la France Insoumise, d’Eric Piolle et d’une partie d’EELV, et ces idées sont à vomir, oui.
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Qu’ils se bouffent entre eux! Pas besoin d’exprimer ma solidarité à une personne qui était présente le 15 octobre 2019 au séminaire « Gauche et race » à Sciences Po et qui n’a pas bougé le petit doigt lorsqu’elle a entendu la sociologue Hourya Bentouhami me dire : « Il est assez commun que des personnes refusent de s’identifier à des causes auxquelles elles doivent naturellement être sensibles. Leur but étant de séduire la classe dominante pour bénéficier de passe-droits auxquels elles n’auraient pas accès autrement ».
C’est en présence de Danièle Obono, de dizaines d’étudiants et d’une dizaine d’autres « sot-ciologues » et militants indigénistes que j’ai alors été traitée de « collabeurette » avec un langage de bourgeois culturel. Et contrairement à tous les autres, Obono était la seule députée de la République. Elle n’a pas réagi.
Non rien n’est pardonné et je n’ai rien à me faire pardonner, pas de virginité à racheter.
Ne pas rejoindre le groupe des pénitents qui s’indigne contre le papier de Valeurs actuelles ne fera pas de moi quelqu’un de raciste, ni de moins universaliste, ni de moins féministe.
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